
Circé. De Madeline Miller. Editions Rue Fromentin. 448 pages. 2018.
Circé, fille d’Hélios et de Perséis, est bannie du monde des Titans et envoyée sur une île déserte pour y expier ses fautes.
Ce roman est une réécriture du mythe de Circé, une déesse de la mythologie grecque connue surtout pour un épisode de L’Odyssée d’Homère où elle transforme l’équipage d’Ulysse en porcs.
J’avais très envie de lire ce livre lorsque je l’ai acheté, puis il est devenu très à la mode et j’ai préféré attendre que la hype retombe avant de me lancer dans cette lecture. Et je dois dire que l’enthousiasme autour de ce roman me laisse un peu perplexe: si l’aspect mythologique et le rapport à la nature étaient vraiment intéressants, j’ai trouvé l’héroïne très pénible et dans l’ensemble je me suis plutôt ennuyée. La première centaine de pages, en particulier, m’a semblé interminable…
Parmi les avis que j’ai vu passer, tous étaient très positifs. Les lecteurs-trices (surtout des lectrices) parlaient de réécriture féministe et de réhabilitation d’un personnage méjugé parce que femme. Je ne suis pas du tout d’accord avec ça!
C’est une réécriture d’un point de vue féminin et c’est loin de suffire à en faire un roman féministe. Au contraire: le personnage de Circé est constamment victimisé, accablé de remords injustifiés, elle n’évolue qu’en fonction des hommes qu’elle rencontre et elle n’attend que l’occasion de garder l’un d’eux près d’elle. D’autre part, tous les autres personnages féminins sont présentés comme des mères indignes, des garces, des harceleuses, des manipulatrices ou des idiotes (liste non exhaustive). Il faudra qu’on m’explique où est le féminisme là-dedans…
Le personnage originel, pourtant issu d’une culture particulièrement sexiste et misogyne, était nettement plus féministe et moderne que celui qu’on trouve dans ce roman selon moi.
L’intrigue quant à elle reprend assez fidèlement les différents épisodes des légendes consacrées à Circé, y compris les mythes romains plus tardifs qui permettent d’y ajouter un aspect romantique. C’est dans l’interprétation que l’autrice en fait et dans l’humanisation d’un personnage dont la divinité faisait l’intérêt que l’histoire diffère. Ici l’héroïne pleurniche sur son enfance malheureuse, sur ses amours ratées, sur sa solitude et sur son immortalité. Mais quel ennui! Où est passée la déesse puissante et indépendante que décrivaient les légendes?
Une grosse déception! Je n’ai lu jusqu’à la fin que parce que l’enthousiasme général m’a fait penser qu’il y aurait quelque chose de vraiment intéressant à retirer de cette lecture, que sans doute c’était sa conclusion qui lui donnait tout son sens. Et bien ce n’était pas le cas, je suis restée sur ma déception jusqu’au bout… Je ne déconseille pas pour autant, je fais visiblement partie d’une minorité. Si les réécritures mythologiques vous intéresse, ce livre peut vous plaire.
Je suis vraiment curieuse de savoir ce que vous avez pensé de ce livre, si vous l’avez lu et que vous avez envie d’en discuter, vous savez quoi faire dans les commentaires 😉
J’avais lu quelques avis mitigés/négatifs, mais aucun, de mémoire, qui n’évoquait à ce point le côté très stéréotypé et négatif des femmes. Je ne l’ai pas encore lu, mais je doute que cet aspect me plaise beaucoup…
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Je suis surprise de ne pas avoir entendu d’autres personnes souligner cet aspect, parce qu’il m’a vraiment frappée. Si tu lis le livre, tu me diras ce que tu en penses 😉
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J’ai peut-être oublié…
Avec plaisir !
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J’ai adoré renouer avec la mythologie avec cette auteure. Je comprends tes arguments sur le féminisme, mais je trouve pas quelle soit victime. Elle se fait avoir par les hommes et manipuler. Elle réagit. Elle évolue dans un monde mysogyne et petit à petit elle s’en extrait avec Telemaque, je trouve. Ils sont plus sur un pied d’égalité. Je trouve ton avis intéressant, ça m’a fait réfléchir. Deux coup de coeur littéraire. J’ai bien l’intention de suivre cette auteure. Bonne lecture !
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Il faudra qu’on se résigne à ne pas être d’accord sur notre vision du personnage, mais je comprends ce que tu veux dire 😉
J’espère que tu aimeras autant les autres livres de l’autrice 😉
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J’ai eu un coup de coeur pour Le chant D’Achille… =D Mais plus insidieux !
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J’ai hésité à le lire, mais je me suis tellement ennuyée avec Circé que je l’ai finalement retiré de ma WL ^^
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MavenLitterae a abandonné Circé et eu un coup de coeur pour Le chant d’Achille. Au cas ou =D !
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C’est bon à savoir ^^
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Je ne découvre cette chronique que maintenant alors que j’ai terminé Circé aujourd’hui et je suis bien contente de lire ton avis ! Comme toi, je ne vois pas tellement cette héroïne féministe que l’on m’a présentée (et puis cette fin, arrg). Par contre, tu dis que Circé s’accroche à ceux qui l’entoure et j’ai au contraire trouvé qu’il était beaucoup question de laisser les gens qu’on aime partir, c’est amusant de voir que l’on puisse avoir vu des choses aussi opposées ^^
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ça me rassure de ne pas être la seule, j’avais l’impression de ne pas avoir lu le même livre que tout le monde 😆
Je ne crois pas dire qu’elle « s’accroche », plutôt qu’elle fait tout pour qu’un homme reste avec elle, comme si elle ne voyait sa vie digne d’être vécue qu’avec un homme. Tout au long du roman, elle n’évolue et ne réagit qu’en fonction des hommes qu’elle rencontre, ça m’a beaucoup énervée 😆
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Je vois ce que tu veux dire, je ne m’en étais pas rendue compte…
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