
La Maison aux Esprits. D’Isabel Allende. Editions France Loisirs. 500 pages. 1982.
L’histoire de la famille Trueba sur plusieurs générations, dans le Chili (jamais explicitement nommé) du 20e siècle.
J’avais déjà lu ce livre à l’adolescence, mais j’avoue que je n’en avais que très peu de souvenirs…
Nous sommes ici dans la saga familiale classique dans le format, plus originale dans la description des personnages, qui sont tous plutôt hauts en couleurs. La figure féminine centrale introduit une notion fantastique dans le récit: visions, télékinésie ou encore télépathie font partie de ses dons. Mais les autres protagonistes sont aussi excentriques pour la plupart.
Ce sont ces personnages qui font tout l’intérêt du récit. On traverse plusieurs décennies à leurs côtés, pendant les nombreux bouleversements sociaux et politiques du pays, mais c’est avant tout parce qu’on éprouve un certain attachement pour eux que les évènements nous semblent percutants.
J’ai malgré tout eu un énorme problème avec l’un des personnages principaux: Esteban Trueba, le patriarche violent et colérique, est décrit comme un violeur de jeunes, voire très jeunes filles. Si ce n’est pas montré comme un comportement acceptable, ce n’est pas pour autant dénoncé clairement à mon avis. C’est pour moi le gros point noir du roman, même si ça témoigne d’une réalité vécue par de nombreuses victimes, puisque le châtiment ne retombe pas sur lui.
L’autre reproche que je ferais à ce récit, c’est que l’autrice fait très souvent allusion à des évènements qui n’arriveront que plus tard dans l’histoire. Je trouve ça dommage de nous dire à l’avance ce qui va se passer 200 pages plus tard.
Malgré tout, le traitement de la condition des femmes et des classes pauvres de la société était bien tourné, les points de vue sur ces sujets étaient bien amenés. La description de la dictature était également réalisée de façon intelligente, j’en ai eu froid dans le dos.
Dans l’ensemble, c’est une lecture que j’ai trouvé très intéressante d’un point de vue historique, mais que j’ai appréciée aussi pour l’excentricité des personnages et les évènements familiaux qui parsèment l’intrigue. Peut-être un peu trop long quand même.
A savoir qu’il existe une adaptation cinématographique de cette histoire, avec notamment Meryl Streep, Antonio Banderas et Wynonna Ryder. D’après mon souvenir, elle n’est pas entièrement fidèle au roman, mais en reprend les grandes lignes. Si les 500 pages de ce roman vous rebutent, ça peut être une alternative pour découvrir l’essentiel de cette histoire.
N’étant pas assez courageuse pour lire le roman (l’histoire du violeur pas ouvertement condamné me rebute), je tenterai le film, d’autant que sauf si j’ai dormi en cours d’histoire, la dictature chilienne ne me semble pas abordée outre mesure dans les programmes scolaires.
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Je n’ai pas non plus souvenir d’en avoir entendu parler à l’école…
J’espère que le film te plaira 😉
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Merci, je croise les doigts 🙂
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Idem pour le personnage d’Esteban, j’ai eu l’impression que les viols qu’il commettait étaient moins condamnés qu’un autre qui arrive plus tard sur un des personnages principaux. Comme s’il fallait quand même qu’il reste sympathique… Ça m’a dérangée également. Et je te rejoins aussi sur la longueur, il y a un ou deux passages où je me suis dis « Bon, ça pourrait accélérer un peu quand même ». Après ça reste une lecture intéressante de par sa description de la dictature chilienne et sa certaine « ampleur » sociologue
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C’est clair que l’autrice fait 2 poids 2 mesures. Ceci dit, même sans ça, à aucun moment je n’ai trouvé Esteban sympathique ^^
Je suis d’accord que l’aspect historique était super intéressant 🙂
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