Ils ne me laisseront pas un souvenir impérissable #27

Myron Bolitar tome 11: Sans Défense. De Harlan Coben. Editions Belfond, collection Noir. 394 pages. 2016.

Dix ans après la disparition de deux petits garçons, Win reçoit un tuyau: l’un d’eux aurait été vu à Londres dans un quartier mal famé. Aussitôt, Win fait appel à son ami Myron Bolitar pour l’aider à remonter la piste.

J’avais déjà lu deux ou trois tomes de cette série il y a longtemps, mais j’avoue que je ne gardais quasi aucun souvenir du contexte, si ce n’est que le héros était à la fois agent sportif et détective privé. Beaucoup de références sont faites à ce qui s’est produit dans le passé de Myron et Win, à leur relation et à leurs compétences, mais sans que ça soit réellement explicité. S’agissant d’un tome 11, j’étais complètement paumée quand ces références était faites, l’auteur estimant visiblement que ses lecteur-ice-s savent de quoi il est question et n’ont pas besoin de rappels plus précis. Donc si vous n’avez jamais lu de tomes de cette série, ça peut être un frein à la compréhension de certains éléments.

Malgré ce point négatif, je me suis accrochée (je n’allais pas acheter les dix tomes précédents pour lire un livre trouvé en boîte à livres) et je dois dire que cette lecture a été assez prenante sur le moment. Même si beaucoup d’aspects de l’intrigue semblaient peu crédibles, je l’ai dévoré en un après-midi, c’était vraiment un page-turner.

Ceci dit, j’avais deviné pas mal de choses avant d’arriver à la fin et en refermant le roman je me suis rendu compte qu’il ne m’en resterait pas grand chose. Après quelques jours, ça s’est confirmé et, alors que j’écris ce billet près de deux mois après ma lecture, j’avais carrément oublié l’existence de ce livre.

Finalement, on est dans le thriller bourré d’action et de twists peu crédibles, à la façon d’un film pop-corn qu’on apprécie sur le moment, mais qu’on oublie très vite. Du coup, pour moi c’est une lecture dispensable, même si je l’ai dévorée, à moins d’être fan de la série.

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Horace. De Pierre Corneille. Editions Le livre de poche. 192 pages. 1640.

Horace et Curiace sont non seulement de grands amis, mais également des beaux-frères très unis: Horace est marié à Sabine, la soeur de Curiace, tandis que Curiace va épouser Camille, la soeur d’Horace. Tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des mondes, si Horace, romain, et Curiace, albain, n’étaient pas obligés de se battre à cause de la rivalité de leurs villes respectives, dont aucune ne veut céder la préséance à l’autre.

Le résumé de l’éditeur met l’accent sur l’amitié virile et la glorification des héros qui seraient les thèmes principaux de la pièce. ça me semble assez réducteur. Il est question aussi des rivalités imbéciles entre deux villes dont chacune veut être supérieure à l’autre, de masculinité guerrière s’opposant au bon sens féminin et, comme dans Le Cid, d’honneur mal placé.

En tant que lectrice contemporaine, il est difficile pour moi de considérer comme bonne une pièce glorifiant des valeurs que je considère comme ineptes. Les conclusions que tirent les personnages d’une guerre absurde et fratricide me semblent tordues par une logique sans doute ordinaire pour l’époque d’écriture, mais qu’on considèrerait aujourd’hui plutôt relever d’une virilité toxique. Sans vouloir paraître vulgaire, on a l’impression que dans cette histoire, les protagonistes masculins jouent à qui « a la plus grosse »… épée, dirons-nous, alors que les personnages féminins méritent la mort pour traîtrise lorsqu’elles tentent de s’opposer à une guerre qui tuera forcément soit leurs frères, soit leurs époux.

La pièce vaut cependant pour les rôles féminins, qui ont une belle profondeur, et pour la plume de Corneille, qui coule facilement bien qu’elle soit très soutenue.

Malgré tout, je ne garderai pas un grand souvenir de cette pièce: je n’ai pas été particulièrement marquée par les personnages et l’apologie guerrière m’a passablement énervée, en particulier dans le contexte actuel (mais ça, c’est ma faute, je n’aurais pas dû lire cette histoire maintenant).

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Les Travailleurs de la Mer. De Victor Hugo. Editions Hachette, collection Grandes oeuvres. 1866.

Gilliatt, un marginal traité en paria par ses concitoyens, aime Déruchette, la nièce d’un riche armateur. Lorsque celui-ci est ruiné par le naufrage de son bateau à vapeur, Gilliatt va tout faire pour aller récupérer la machine dans l’épave, dans l’espoir d’épouser Déruchette.

Ce résumé est celui de l’intrigue de fond du roman, mais il faut un très long moment avant d’entrer dans le vif du sujet, Victor Hugo prenant le temps de présenter l’île sur laquelle se déroule son histoire, les moeurs de ses habitants, les habitudes des marins et tout un tas de détails dont la grande majorité n’apportent absolument rien à l’histoire. Un défaut qui se retrouve visiblement dans la plupart de ses romans et qui personnellement m’agace profondément, les nombreuses digressions me semblant toujours assez indigestes.

Malgré tout, on finit par en venir au coeur de la bataille de Gilliatt contre les éléments, dans un long tête-à-tête entre notre protagoniste et la mer. L’auteur souligne la détermination et l’ingéniosité de son héros, qui est prêt à tout pour obtenir la main de Déruchette, promise par son oncle à quiconque lui ramènerait sa machine.

Outre le fait qu’on dispose de la vie d’une femme sans lui demander son avis, qui me dérange profondément, le roman m’a semblé beaucoup trop long par rapport à ce qu’il a à raconter. La faute aux nombreuses digressions dont je parlais plus haut. Si certaines d’entre elles sont intéressantes, notamment grâce aux sarcasmes de l’auteur envers l’ignorance crasse des îliens et les superstitions locales, la plupart ne font qu’alourdir un roman qui aurait pu être un minimum palpitant si on se concentrait davantage sur l’action. Car malgré tout, on ressent une certaine tension lorsque Hugo nous décrit les exploits de Gilliatt sur le bout de rocher où il est allé volontairement s’empêtrer.

En arrivant à une fin prévisible, tout ce que je me suis dit, c’est « tout ça pour ça? » et je me demande encore pourquoi ce roman est considéré comme si marquant, alors que je me suis profondément ennuyée pendant la plus grande partie de ma lecture. Après plusieurs tentatives pour lire Hugo, je crois que ce n’est tout bonnement pas un auteur fait pour moi, à cause de sa façon de développer ses idées. ça reste un auteur classique à découvrir, mais je ne pense pas me plonger plus avant dans sa bibliographie à l’avenir.

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7 commentaires pour Ils ne me laisseront pas un souvenir impérissable #27

  1.  » le thriller bourré d’action et de twists peu crédibles, à la façon d’un film pop-corn qu’on apprécie sur le moment, mais qu’on oublie très vite. » Pour moi, ça décrit bien le style de l’auteur que j’aime beaucoup, mais que je ne lis jamais pour des histoires mémorables, juste pour du divertissement efficace…
    Il me semble avoir lu quelques extraits d’Horace, mais vu le contexte, je pense aussi ne pas être dans le bon état d’esprit. Par contre, des personnages féminines bénéficiant d’une belle profondeur, pour un texte de cet âge, c’est à noter !

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    • ducotedechezcyan dit :

      Pour du divertissement efficace, ça fait le job, il faut juste ne pas en attendre plus 🙂
      Quant à Horace, je pense que je l’aurais plus apprécié dans d’autres circonstances, mais ça reste une pièce de mecs (et mon avis en a vexé certains, je me suis fait incendier sur Babelio 😆 ). Du même auteur, j’ai très largement préféré Médée et j’espère apprécier davantage aussi les pièces de l’auteur que je n’ai pas encore lues 🙂

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  2. Allys dit :

    Bon, ben au moins, on sait lesquels éviter 😆

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