Persuasion

Persuasion. De Jane Austen. Editions RBA, collection Romans éternels. 266 pages. 1821.

Anne Elliot a rompu ses fiançailles avec Frederick Wentworth, sous la pression de son entourage, qui trouvait qu’il n’était pas assez bien pour elle. Quelques années plus tard, alors que la famille Elliot rencontre des difficultés financières, Wentworth réapparaît après avoir fait fortune pendant la guerre et commence à s’intéresser aux soeurs Musgrove, apparentées à la famille d’Anne.

Il s’agit d’une énième relecture, ce roman est un de mes livres préférés de l’autrice (avec Emma, si ça vous intéresse de le savoir), parce que je trouve qu’il est plus original dans son schéma narratif, même si les thèmes abordés sont sensiblement les mêmes, et parce que je trouve le personnage d’Anne différent des autres héroïnes de Jane Austen. Même si son statut est techniquement le même, puisqu’elle est célibataire et qu’elle est censée se trouver un mari, elle est plus âgée et donc la question du célibat se pose à elle sous des termes différents. Nous sommes en 1815 et, à 27 ans, elle est considérée comme une vieille fille sans avenir qui sera à la charge de sa famille toute sa vie.

Dans ce roman comme avec les autres, Jane Austen, sous couvert de romance, trace le portrait d’une société cruelle pour les femmes, non seulement à travers son héroïne, mais aussi tous les personnages féminins qui l’entourent. De la riche veuve bien intentionnée à l’amie de jeunesse réduite à la pauvreté, en passant par les soeurs insupportables ou l’épouse de marin aventureuse. Tout le talent de l’autrice réside dans les détails et l’humour qui parsèment le livre. Elle parvient à faire d’une histoire somme toute banale de quête de l’amour et du mariage un roman où la subtilité des sentiments évoqués fait écho à une réalité sociale inexorable dans laquelle les femmes risquaient d’être broyées. Tout en n’oubliant pas de se moquer de ses personnages.

Excellente relecture!