Cet été, j’ai lu: des histoires de femmes

Entre mon rythme de lecture qui est très soutenu dernièrement et la pause des vacances, j’ai pris énormément de retard dans la rédaction de mes billets (je sais que je ne suis pas obligée de vous parler de toutes mes lectures, mais j’ai déjà tellement bassiné mon entourage pendant les vacances que je n’ai plus que vous à qui en parler 😆 ), du coup je me suis dit que j’allais rassembler plusieurs titres par billet et les classer par genre et par ordre de lecture, même quand il y avait des tomes d’une même série. J’espère que ça vous plaira 🙂

Les Aventurières du Ciel. De Katell Faria. Editions Points, collection Aventure. 324 pages. 2021.

Le portrait de six aviatrices précurseuses dont le nom aurait marqué l’Histoire si elle n’avait pas été écrite par des hommes.

J’ai reçu ce livre grâce à NetGalley, merci aux éditions Points pour cette lecture 🙂

Comme d’autres du même genre, cet ouvrage est composé de notices biographiques de femmes méconnues ou oubliées. Ici on se concentre sur six pionnières de l’aviation: Beryl Markham, Adrienne Bolland, Hélène Boucher, Maryse Hilsz, Bessie Coleman et Maryse Bastié. Connaissiez-vous un de ces noms? Moi pas. Et pourtant ces femmes ont défié la gravité et battu de nombreux records, à une époque où monter dans un avion était la garantie d’en mourir un jour ou l’autre.

Une lecture passionnante, qui m’a beaucoup appris non seulement sur ces femmes méconnues qui auraient pourtant mérité une place d’honneur dans les manuels d’Histoire, mais aussi sur les prémisses de l’aviation, les combats féministes de l’époque et bien d’autres sujets.

La plume est agréable et efficace, j’aurais malgré tout un reproche à faire sur le format choisi par l’autrice: selon moi, une biographie ne devrait pas comporter de dialogues, sauf s’ils sont avérés, et certainement pas des pensées des personnes présentées. Si on n’y était pas (et j’imagine mal qu’on puisse aller se balader dans la tête de ces femmes), on exploite les faits, on ne laisse pas place à son imagination.

En dehors de ce point négatif, ç’a été une très bonne lecture, très intéressante, indignante parfois, et très instructive. Si le sujet vous intéresse, n’hésitez pas!

***

Un Barrage contre le Pacifique. De Marguerite Duras. Editions Folio, collection Classique. 380 pages. 1950.

Suzanne et Jospeh vivent avec leur mère sur une concession isolée au coeur de l’Indochine française. Réduits à la pauvreté par l’Océan Pacifique, qui inonde régulièrement leurs terres et la corruption du gouvernement colonial, les protagonistes voient leur huis-clos familial brisé par l’arrivée d’un homme, Monsieur Jo, séduit par Suzanne. C’est le début d’un bras de fer: l’intrus veut coucher avec la jeune fille, tandis que la famille veut la lui faire épouser pour son argent.

Ce roman en partie autobiographique repose essentiellement sur son ambiance: la vie des colons blancs, celle des Vietnamiens colonisés, sur fond d’obsessions et de désirs, en particulier ceux de la mère, qui font écho à ceux de Monsieur Jo. Bien que ce personnage de matriarche obsessionnelle n’ait pas de nom, c’est la figure centrale du récit, qui commence et s’arrête avec elle.

En parallèle, l’autrice dénonce le système colonial et ses injustices. Même si l’ensemble du roman est centré sur ses protagonistes blancs, il est question également du sort des peuples colonisés, de leur misère et des exactions des colons à leur encontre.

Je n’ai pas autant apprécié ce livre que d’autres de cette autrice (le format en est plus classique, peut-être que ça a joué), du fait que j’ai eu du mal à éprouver de l’empathie pour ses personnages et que beaucoup de choses dans cette histoire étaient très malaisantes. Malgré tout, ça été une très bonne lecture, qui peut être un bon point d’entrée pour découvrir l’oeuvre de Duras.

***

De la Part de la Princesse morte. De Kénizé Mourad. Editions Le livre de poche. 857 pages. 1987.

Turquie, 1918. La jeune Selma, membre de la famille impériale, voit tout son monde basculer. L’Empire ottoman, qui fait partie du camp des vaincus, s’écroule. Toute sa vie elle devra chercher un nouveau foyer, dans une époque de grands bouleversements.

Le gros point fort de ce livre, c’est son aspect historique. On traverse la première moitié du 20e siècle et on voyage avec son héroïne déracinée. J’ai appris beaucoup de choses, c’était très intéressant.

Le gros point négatif, c’est Selma. J’ai trouvé l’enfant, puis l’adolescente, particulièrement agaçante; la femme qu’elle devient, assez antipathique. Le fait que l’autrice abandonne presque toute objectivité pour écrire ce portrait de sa propre mère n’a pas aidé. Vu ce qu’elle traverse, les obstacles qu’elle rencontre, j’aurais dû éprouver de l’empathie pour Selma. ça n’a pas du tout été le cas, je l’ai souvent trouvée détestable.

Ce livre est classé en biographie, il serait plus juste de le qualifier de roman biographique (qui tend parfois, voire souvent, vers le panégyrique familial). Si les faits historiques sont respectés, le point de vue adopté est clairement biaisé en faveur de Selma et sa famille. Ce sont les autres qui ont tous les torts dans leurs drames personnels comme dans leurs déboires, ils ne sont jamais montrés prenant leurs responsabilités pour ce qui leur arrive ou dans les erreurs qu’ils font.

Une lecture assez mitigée, que j’ai trouvé passionnante pour son aspect historique, mais que j’ai trouvé très complaisante sur bien des côtés. Les 857 pages m’ont parfois semblé interminables. Peut-être que je n’ai pas choisi le bon moment pour lire ce livre, qui m’a demandé beaucoup de temps et de concentration. Je ne regrette pas de l’avoir lu malgré tout, mais je reste globalement déçue.

***

La suite au prochain tome 😉 En attendant, si vous avez lu ou comptez lire un de ces titres, votre avis m’intéresse, vous savez quoi faire dans les commentaires 😉

Cet article, publié dans Lecture, est tagué , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

9 commentaires pour Cet été, j’ai lu: des histoires de femmes

  1. Les Aventurières du Ciel a l’air très intéressant et instructif ! Par contre, le coup des pensées me dérange beaucoup, je trouve toujours cela décrédibilisant…

    Aimé par 1 personne

    • ducotedechezcyan dit :

      Moi aussi, ça me fait me demander si l’auteur-ice a pris d’autres libertés avec son sujet…
      Mais ça reste une lecture intéressante si ce thème t’intéresse, quitte à approfondir plus tard 😉

      Aimé par 1 personne

  2. Lynley dit :

    Arf ! Je comprends ta lecture de De la part de la Princesse Morte. Je l’ai lu, j’avais moins de 18 ans et je n’avais certainement ton recul pour appréhender ce biais de l’auteur. Enfin je dis ça mais peut-être suis-je pas très attentive non plus, quelque soit l’âge ! 😛 Mais l’aspect historique m’avait engloutit totalement et je m’étais régalée.

    Aimé par 1 personne

  3. Ping : Ce que j’ai lu en septembre | Du côté de chez Cyan

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.