Ils ne me laisseront pas un souvenir impérissable #30

Le Portrait de la Traviata. De Do Jinki. Editions Matin calme. 220 pages. 2017.

Un homme et une femme sont retrouvés morts dans l’appartement de cette dernière. Un suspect est rapidement arrêté, mais des preuves à décharge sont apportées et Lee Yuhyeon, responsable de l’enquête décide de tout reprendre depuis le début, avec l’aide de l’avocat Gojin.

L’auteur reprend deux genres classiques du roman policier: on est à la fois dans le whodunit à la Agatha Christie et le meurtre en chambre close à la Leroux ou Poe. A charge pour l’enquêteur de démêler le vrai du faux dans les alibis des suspects et de déterrer leurs secrets plus ou moins honteux.

Je ne peux pas dire que je n’ai pas aimé ce livre: j’ai passé un bon moment en le lisant et je me suis creusé la cervelle avec plaisir. Certains éléments qui permettent d’avancer dans l’enquête sont liés à la culture coréenne et peuvent sembler étranges, mais ils ne sont pas aussi irréalistes que pourrait le penser un lectorat occidental peu informé sur la question.

Contrairement à la résolution du mystère, qui m’a semblé un peu tirée par les cheveux. Mais après tout, pourquoi pas… Si le reste m’avait complètement convaincue, je n’aurais probablement pas tiqué. Le problème, c’est que la façon dont c’est fait m’a semblé parfois un peu simpliste, notamment du fait que Gojin ressemble plus à un deus ex machina qu’à un vrai personnage. De ce point de vue, il tient un peu de Sherlock Holmes avec sa logique impossible à prendre en défaut qui permet de résoudre l’enquête.

Bref, je n’ai pas été convaincue et, même si je ne me suis pas ennuyée avec ce livre, j’ai été déçue par la forme prise par le récit.

***

Une Enquête de Washington Poe tome 1: Le Cercle de Pierres. De M.W. Craven. Editions L’Archipel. 389 pages. 2019.

Le cadavre d’un vieil homme immolé par le feu est retrouvé avec sur le torse le nom de Washington Poe, un inspecteur suspendu pour faute. Aussitôt Poe est rappelé par ses supérieurs. Avec l’aide de Tilly, analyste surdouée et socialement inadaptée, de sa nouvelle supérieure et de la police locale, Poe va mener l’enquête. Sera-t-il la prochaine victime?

Voici un livre qui me faisait de l’oeil depuis sa sortie: on le voyait un peu partout et le pitch/les avis étaient assez alléchants. Quand l’occasion s’est présentée, je n’ai pas hésité.

Mais finalement ça n’a pas trop fonctionné pour moi. L’intrigue n’est pas vraiment en cause: c’est bien ficelé, on a envie de connaître le fin mot de l’histoire.

Ce qui n’a pas marché pour moi: à peu près tout le reste. La fin est un peu tirée par les cheveux, mais après tout pourquoi pas, la direction choisie par l’auteur est intéressante. Mais j’avais compris le qui et une partie du pourquoi une bonne centaine de pages avant les protagonistes, qui du coup m’ont semblé particulièrement bouchés.

J’ai trouvé aussi qu’il y avait beaucoup de facilités. Les problèmes rencontrés sont résolus facilement, après tout c’est pratique d’avoir un génie dans l’équipe et sinon l’informatique résout le reste. Je n’ai pas accroché à la plume, non seulement à cause de ces facilités, mais aussi parce que ça manquait parfois de liant dans le propos et de réflexion dans l’avancée de l’intrigue.

Dans le même esprit, les personnages sont le plus gros problème que m’a posé cette lecture: ce sont des clichés ambulants. Le vétéran de la police avec des problèmes de comportement et un côté asocial s’associe à une jeune recrue inadaptée sociale, mais génie de l’informatique. Poe, en particulier, est un personnage dont les réactions hors de proportions tombent souvent comme un cheveu sur la soupe: c’est exagéré et pas tellement réaliste.

A force de vouloir rendre ses héros hauts en couleurs, l’auteur en fait trop et, pour moi, ça a nui à une intrigue qui était pourtant intéressante.

Une déception.

***

Un Mariage (un peu trop) mortel. De Jesse Q. Sutanto. Editions HLab. 344 pages. 2021.

Meddy tue accidentellement son rencard alors qu’il est en train de l’agresser. Paniquée elle ramène le corps chez sa mère, qui appelle à l’aide ses trois tantes. Leur objectif: s’en débarrasser tout en menant à bien le mariage de luxe que leur entreprise familiale a organisé pour le  lendemain.

C’est ma copinaute Outis qui m’avait parlé de ce livre comme d’une bonne rigolade. Vu ce qu’elle en disait, je m’étais exclamée que ça ressemblait à un drama, ce qui s’est rapidement expliqué lorsque j’ai compris que la famille dont il était question dans cette histoire était indonésienne. Quand j’ai eu besoin d’une lecture facile et légère, je me suis donc penchée sur ce livre.

Et je dois dire que non seulement je n’ai pas ri, mais qu’en plus j’ai été vraiment mal à l’aise. La famille pénible et envahissante, je m’y attendais, c’était l’élément obligatoire vu ce dont il était question. Mais on est censé-e-s être touché-e-s par la relation entre les protagoniste, parce que même si ces femmes sont intrusives et agaçantes, il y a de l’amour maternel. D’ailleurs l’autrice, lorsqu’elle pose le contexte dans la préface, explique que c’est ce qu’elle voulait montrer avec son roman.

Pour moi ça n’a pas fonctionné. A part Meddy (et encore, brièvement), personne ne s’émeut de la mort d’un jeune homme. D’accord c’était un salaud, mais il aurait été mieux dans une cellule que dans une glacière. A aucun moment les tantes et la mère de l’héroïne ne sont mal à l’aise ou inquiètes de la situation. Certains passages sont surréalistes. Tous les personnages au courant de cette mort – j’ai des difficultés à appeler ça un meurtre puisqu’on était vraiment dans la légitime défense, mais ça n’excuse rien – se fichent totalement de cet homme, jamais il n’est question de sa famille qui pourrait souffrir de sa disparition, le seul point qui dérange serait que l’entreprise familiale n’aura plus personne pour livrer les fleurs… L’héroïne est plus inquiète à l’idée de se faire prendre que traumatisée par l’évènement, ce qui ne la rend pas forcément très attachante.

Ensuite, il faut savoir que, même si cet aspect arrive assez tardivement dans l’intrigue (on est trop occupé-e-s avec les loufoqueries des tantes), on est dans une comédie romantique. Et là je réitère: je n’ai pas trouvé quoi que ce soit de drôle. C’était même plutôt triste: les flashbacks sur la relation passée entre l’héroïne et son ex ne font que souligner à quel point sa famille et l’éducation qu’elle a reçue ont fait d’elle une personne pathétiquement et profondément incapable de vivre pour elle même, au point d’en être cruelle sans même s’en rendre compte. D’autre part, je n’ai vu aucune alchimie entre les deux personnages. Pourquoi ce pauvre garçon voudrait-il avoir une relation avec cette fille? Sans parler de sa famille, qui devrait lui donner envie de fuir le plus loin possible.

Je ne développerai pas davantage, j’en ai déjà beaucoup dit pour un livre qui ne m’a pas plus 😆 Le plus gros hic reste que le mort est juste une péripétie qui est censée justifier tout le reste et faire rire les lecteur-ice-s et le reste jusqu’à la fin. L’humour là-dedans m’échappe, j’ai dû passer à côté de quelque chose, sûrement. Non?

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4 commentaires pour Ils ne me laisseront pas un souvenir impérissable #30

  1. Dommage que Le Portrait de la Traviata ne t’ait pas plus convaincue, mais je reste intriguée alors merci d’avoir attiré mon attention sur ce roman 🙂
    Je n’ai pas ressenti la même chose vis-à-vis du Cercle de Pierres, ce qui rend tes propos intéressants et prouve que pour se faire un avis sur un roman, rien de mieux que de le lire !
    Quant à Un Mariage (un peu trop) mortel, rien qu’à la couverture, j’aurais eu tendance à penser que ce n’était pas pour toi 🙂

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    • ducotedechezcyan dit :

      Comme je disais dans mon billet, Le Portrait de la Traviata n’était pas une mauvaise lecture non plus, elle n’était juste pas à la hauteur de mes attentes. Je suis contente de t’avoir donné envie de le lire malgré tout 😉
      J’ai vu beaucoup de bons avis sur Le Cercle de Pierres, visiblement je fais partie d’une minorité ^^ Peut-être que j’ai déjà trop rencontré de personnages de ce genre…
      La couverture du Mariage mortel m’aurait fait fuir a priori, mais j’ai voulu tenter malgré tout suite au bon avis d’Outis. Parfois il vaut mieux se fier à son instinct ^^

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  2. Allys dit :

    J’avais bien aimé Le Cercle de pierres. J’avais trouvé l’intrigue suffisamment bien ficelée pour me faire passer par dessus les quelques facilités. J’adore quand les avis divergent. Cela me permet d’avoir d’autres points de vue, c’est génial ! Quant aux deux autres, je ne les connais pas.
    Merci pour ce partage 🙂

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    • ducotedechezcyan dit :

      Moi aussi j’aime bien quand on n’est pas tou-te-s d’accord sur une lecture, ça permet parfois de voir qu’on a loupé des trucs ou tout simplement ça ouvre une discussion intéressante 🙂

      Aimé par 1 personne

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