Journal de lecture du 1er au 7 avril

Déjà lundi et donc le moment de vous parler de mes lectures de la semaine dernière 🙂 Lundi étant férié, les jours ont défilé très vite, mais si j’ai assez peu lu de romans, je me suis rattrapée sur les BD 🙂


Mardi-mercredi: je lis des BD qui me restaient de mes emprunts pour Mars au féminin.

La vie mystérieuse, insolente et héroïque du Dr James Barry. D’Isabelle Bauthian et Agnès Maupré. Editions Steinkis. 127 pages. 2020.

Résumé: Une biographie de ce chirurgien de l’armée britannique au XIXe siècle, une vie sujette à spéculations et controverses. Né et élevé comme une fille, il se serait fait passer pour un homme afin de mener des études universitaires. Le docteur James Barry est entré dans l’histoire comme l’un des médecins militaires les plus brillants de sa génération.

Il s’agit d’une biographie un peu romancée d’une personne réelle, donc je ne jugerai pas « l’histoire », mais uniquement les choix narratifs et les dessins. Les 2 m’ont semblé un peu brouillon.

Le récit fait beaucoup d’allers et retours entre les époques, ce qui rend souvent les choses assez confuses. Plusieurs fois je ne me suis aperçue que les lieux étaient différents qu’après coup et, comme les personnages ne changent pas au fil du temps, les dates mentionnées ne m’ont pas suffi pour me repérer facilement.

Ce qui m’amène aux dessins, que j’ai trouvés déstabilisants. Les traits des personnages ne sont pas assez différenciés pour que j’aie réussi à les reconnaître, ce qui a ajouté à ma confusion. Seul James Barry est suffisamment identifiable. D’autre part, il y a peu de décors, ce qui rend impossible de différencier les lieux où se déroule l’histoire.

Finalement le plus gros point fort de cette lecture a été pour moi le choix de l’aquarelle pour coloriser l’ensemble. Le côté un peu brouillon/confus des dessins est bien adapté à cette technique et c’est ce qui a sauvé ma lecture du total manque d’investissement.

Un petit flop, ce qui est vraiment dommage, parce que cette histoire méritait d’être racontée. Je vais me diriger vers un autre format pour la découvrir réellement.


Le Choeur des femmes. D’Aude Mermilliod, d’après le roman de Martin Winckler. Editions Le Lombard. 240 pages. 2021.

Résumé: Je m’appelle Jean Atwood. Je suis interne des hôpitaux et major de ma promo. Je me destine à la chirurgie gynécologique. Je vise un poste de chef de clinique dans le meilleur service de France. Mais on m’oblige, au préalable, à passer six mois dans une minuscule unité de  » Médecine de La Femme « , dirigée par un barbu mal dégrossi qui n’est même pas gynécologue, mais généraliste! S’il s’imagine que je vais passer six mois à son service, il se trompe lourdement. Qu’est-ce qu’il croit? Qu’il va m’enseigner mon métier? J’ai reçu une formation hors pair, je sais tout ce que doit savoir un gynécologue chirurgien pour opérer, réparer et reconstruire le corps féminin. Alors, je ne peux pas – et je ne veux pas – perdre mon temps à écouter des bonnes femmes épancher leur coeur et raconter leur vie. Je ne vois vraiment pas ce qu’elles pourraient m’apprendre.

J’avais tenté de lire le roman il y a quelques années, mais je n’avais pas réussi à entrer dedans et je l’avais rapidement abandonné. Malgré tout, le sujet m’intéressait et j’espérais vraiment que ce format me permettrait de découvrir cette histoire.

Verdict: une bonne lecture, même si on passe un peu vite sur certains éléments (on ne peut pas tout avoir).

Il est question ici des violences obstétriques et médicales subies par les femmes et toutes les personnes n’étant pas des hommes en général. Sous forme de fiction, des témoignages de patient-e-s et de soignant-e-s sont insérés dans une intrigue d’apprentissage somme toute assez classique, mais efficace.

A la fin, un dossier assez succinct permet d’ajouter quelques points supplémentaires importants à connaître pour toutes les personnes qui ont eu ou auront à subir (et j’emploie volontairement le terme de « subir ») un examen gynécologique.

Les dessins et couleurs sont à l’image de la couverture, ils m’ont semblé bien correspondre au récit et je les ai trouvé agréable à suivre. A noter que pour une fois, les scènes intimes étaient justifiées par l’intrigue, je crois bien que c’est une première dans mes lectures ^^

Une lecture indispensable pour ses sujets, mais je n’ai pas été complètement investie dans la partie fictionnelle. Je crois que j’apprécie plus ce genre de lecture sous forme d’essai ou de documentaire (si vous en avez à me conseiller, c’est le moment 😉 ), mais je ne regrette pas d’avoir donné une seconde chance à cette histoire, que j’ai trouvé très intéressante et vraiment émouvante par certains aspects.


Jeudi: je continue à lire des BD et j’enchaîne avec celle qui m’a le plus marquée cette semaine:

Brontëana. De Paulina Spucches. Editions Steinkis. 224 pages. 2023.

Résumé: Les sœurs Brontë ont marqué, avec leurs romans, l’histoire du XIXe siècle.
Plus exactement Emily et Charlotte Brontë sont célébrées et mondialement reconnues. Leur cadette, Anne, est souvent oubliée, au mieux décrite comme la plus sensible des trois.
Prisonnière d’un monde qui a toujours attendu d’elle quiétude et douceur, Anne a pourtant fait fi des mises en garde de ses aînées, prenant le risque d’écrire et de laisser jaillir sa propre voix…
Biographie fictionnelle, Brontëana donnera une belle place à l’imaginaire des soeurs, qui s’inventaient des mondes parallèles à travers des jeux de rôles d’écriture.

Le résumé de l’éditeur dit tout ce qu’il y a à savoir sur l’histoire racontée dans la BD, même s’il ne permet pas de mesurer l’ampleur onirique prise par le récit. On n’est pas seulement dans la vie de la famille Brontë, mais aussi et surtout dans l’imaginaire à la fois collectif de la fratrie, mais aussi celui, tout personnel, d’Anne.

Les dessins et les couleurs donnent au récit beaucoup de force et de profondeur, on a l’impression d’être sur la lande avec les soeurs autant que dans les mondes qu’elles imaginent. J’ai été réellement séduite par la vision que propose l’autrice, ce n’était probablement pas évident de transcrire en images ce qui peuplait l’esprit d’Anne Brontë.

Une très belle lecture, qui a su me toucher à la fois par l’originalité des visuels et par les sujets abordés, et qui a totalement fait écho au roman que je lisais en parallèle.


Lundi-vendredi: je prends le temps de savourer la lecture commencée pendant le week-end:

Sous le Lierre. De Léa Silhol. Editions Nitchevo Factory. 488 pages. 2016.

Résumé: Par-delà un simple mur écroulé, au fond du parc d’un manoir anglais, s’étendent des bois immenses, ceinturés de légendes et d’étranges interdits. L’héritière de cette antique demeure, Ivy Winthorpe, ne se définit que par le regard sarcastique qu’elle jette sur toutes choses, les livres qu’elle lit en cachette, sa nature de centaure et, par-dessus tout, les bois vers lesquels elle ne cesse de s’évader, contre toute opposition et obstacle.
C’est la plume de celle qui se définit elle-même comme “un petit système ensauvagé” qu’endosse l’auteure, le temps d’un hymne barbare, à la charnière entre les jardins d’une aristocratie moribonde et les étendues de la millénaire forêt de Savernake, noyée de mystère et de vivants secrets.

Un voyage passionnel et féroce dans le grand vert de l’implacable nature, filigrané par la figure énigmatique du Green-Man, le pas des cavaliers, et hanté par l’ombre obsédante du Heathcliff d’Emily Brontë.

Au travers de ses cycles primés de Vertigen et du Dit de Frontier, Léa Silhol s’est inscrite comme une figure incontournable de la fantasy mythique, et une pionnière de la fantasy urbaine en France. Sous le Lierre est son sixième roman, et le premier à décliner à la fois les gammes du roman historique, et du réalisme magique.

J’ai eu une impression de déjà-vu en entamant ma lecture, alors que j’étais sûre que je n’avais jamais lu ce titre. Il s’avère que c’est en fait la version roman d’une nouvelle parue dans un recueil que j’ai lu il y a quelques années sous le titre Under the Ivy. ça n’a pas entravé mon plaisir de lecture: vous vous doutez qu’entre une nouvelle et un roman de presque 500 pages, l’autrice a le temps de développer beaucoup d’idées.

Comme toujours avec Léa Silhol, j’ai passé un excellent moment et j’ai été investie de la 1e à la dernière page, même si la narratrice/héroïne était plutôt antipathique et que les personnages principaux sont des adolescents.

Pourquoi ce qui m’agace ailleurs a fonctionné sans problème ici? La plume ciselée et la richesse de l’univers proposé par l’autrice. J’étais à Savernake avec Ivy et Fern, je sentais l’herbe sous mes pieds, l’odeur du lierre et de l’aubépine, j’entendais le bruissement des branches et les cris des animaux. Comme les protagonistes, je vivais comme une intrusion l’intervention du monde au-delà de la forêt et j’étais en colère contre les rites qu’on entendait leur imposer.

La mise en place est un peu longue, mais comme j’étais comme chez moi dans les lieux décrits, ça ne m’a pas dérangée, j’ai savouré chaque moment. De la même façon, certaines choses semblaient un peu too much, mais ça fonctionne aussi, parce que la narratrice n’a que 16 ans et qu’à cet âge c’est bien un peu comme ça qu’on voit le monde.

Pas mon préféré de l’autrice (Romaji Horizon reste indétrôné pour l’instant), mais le mélange de mythes celtiques, de surnaturel, du contexte de 1912, de nature et de suspense, auquel s’ajoutent les nombreuses références à la poésie et à la littérature anglaise, est une réussite. J’ai été emportée une fois de plus grâce à la plume magique de Léa Silhol et j’ai très hâte d’ouvrir un autre de ses livres 🙂


Samedi: je lis la dernière BD empruntée pour Mars au féminin:

Charlotte Salomon. Les Couleurs de l’Âme. D’Ilaria Ferramosca et Gian Marco De Francisco. Editions Nouveau monde graphique. 128 pages. 2023.

Résumé: Une jeune peintre d’origine juive, amoureuse entière et passionnée, dans l’Allemagne nazie. L’art comme thérapie pour surmonter la tragédie familiale et le contexte oppressant.

Exilée en France, elle livre une oeuvre autobiographique monumentale unique composée de peintures, de croquis, d’écrits et de citations musicales, dans laquelle la folie et la douleur se transforment en une créativité salvatrice. C’est l’histoire de Charlotte Salomon, une artiste extraordinaire engloutie dans l’enfer d’Auschwitz à seulement 26 ans.

Là encore nous sommes dans une BD biographique, celle d’une artiste que j’avoue ne pas connaître réellement (je suis toujours aussi frustrée des lacunes induites par mes études d’Histoire des Arts, j’ai l’impression d’être passée à travers la moitié des artistes importants parce qu’il s’agissait de femmes…), mais j’ai bien l’intention de découvrir son oeuvre dans un avenir proche.

Parce que cette BD raconte la vie de Charlotte Salomon et s’inspire de son travail dans le dessin, mais ne parle/montre pas vraiment de ses oeuvres. Ce qui est le seul défaut que j’ai à souligner concernant cette lecture.

Le récit reprend les étapes importantes de la vie de l’artiste, comme dans n’importe quelle biographie, sans trop entrer dans les détails, le format BD ne le permettant pas. Même si c’est raconté de façon assez succincte, c’est suffisant pour se faire une première idée de ce qu’elle a vécu et traversé.

Le gros point fort de la BD réside dans ces dessins. Comme dit plus haut, ils s’inspirent de l’oeuvre de Charlotte Salomon, dont le travail serait entièrement autobiographique et dont le format, qualifié « d’art séquentiel », se prête particulièrement bien à une adaptation en BD. Pour citer l’élément le plus frappant, plusieurs images du même personnage apparaissent sur le même dessin pour signaler ses mouvements et actions.

Une très belle lecture, que je vous recommande très vivement, à la fois pour découvrir la vie de l’artiste et pour les magnifiques dessins.


Je termine le week-end avec 2 lectures en cours: un livre numérique qui fait partie de ma sélection pour Je lis un livre conseillé par… et un roman historique que je pensais caser dans mon Bingo coréen, mais dont il s’avère que l’auteur, né en Corée, est en fait américain.

Mais qui a attrapé le bison de Higgs ? De David Louapre. Editions Flammarion. 176 pages. 2016.

Résumé: Les premiers hommes, le Big-Bang et le boson de Higgs vous intriguent ? Vous fourmillez de questions sans toujours oser les poser à haute voix ? Ce livre est fait pour vous ! Laissez le créateur de la chaine Youtube « Sciences étonnantes » (près de 100000 abonnés) vous révéler ses découvertes préférées.
Vous n’avez qu’une vague idée de ce qu’est un atomes ? Un gène ? Une probabilité ? Embarquez, vous en savez bien assez !

Ce livre m’avait été conseillé par Lynley il y a des années (si vous m’avez conseillé un livre récemment, ne soyez pas pressé-e de le voir ici ^^) et je n’avais jamais pris le temps de le lire, mieux vaut tard que jamais! On est dans la vulgarisation scientifique vraiment accessible, mais je pense avancer lentement dans ma lecture pour bien assimiler ce que je lis, surtout que je vais toujours plus lentement au format numérique.


Les sombres Feux du Passé (A Gesture Life). De Lee Chang Rae. Editions de l’Olivier. 368 pages. 1999 pour la vo. 2001 pour cette édition.

Résumé: À Bedley Run, petite ville de l’État de New York où il tient depuis trente ans un magasin de matériel médical, le « docteur » Hata mène une existence calme et respectable. Ce discret célibataire a adopté une fillette d’origine coréenne. Quand elle se révolte contre lui et rejette son code de valeurs, le « docteur » Hata est désemparé. Il remâche cet échec, ressasse sa vie, jusqu’à laisser émerger le drame enfoui dans sa mémoire.
Lorsqu’il était officier dans l’armée japonaise durant la Seconde Guerre mondiale, cinq jeunes Coréennes furent amenées dans leur campement pour servir de « femmes de réconfort » aux soldats. Amoureux de l’une d’elles, il tenta d’accomplir un acte héroïque, et précipita la tragédie.
Tandis que se dénouent les fils de son existence, Hata comprend que sa conduite exemplaire et sa réserve masquaient un profond sentiment de honte. Et qu’il lui faut maintenant affronter les fantômes.

Pour l’instant ça se lit assez facilement, mais je me dis que ça va devenir plus difficile moralement en avançant dans ma lecture…


C’est tout pour la semaine dernière! ç’a été une semaine marquée essentiellement par mon incursion dans l’oeuvre magique de Léa Silhol et dans l’univers d’Anne Brontë, 2 titres que je vous recommande tout particulièrement.

Comme d’habitude, si vous avez lu ou comptez lire un des livres présentés dans ce billet, si un des sujets abordés vous inspire des réflexions ou si vous voulez juste papoter, vous savez quoi faire dans les commentaires 😉

Et pour vous, c’était comment la semaine dernière? Vous avez fait de bonnes lectures? Des titres à me conseiller? 😉

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22 commentaires pour Journal de lecture du 1er au 7 avril

  1. Steven dit :

    Vendu ! Même si je lis que trop peu de BD, tu m’as plus que convaincu que Brontëana est pour moi alors merci 🙂

    Belle semaine.

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  2. Lynley dit :

    Contente que le Bison de Higgs te plaise mais j’avais cru comprendre que tu allais commencer par le Géraldine Schwarz dans mes propositions. Aucune importance bien sur ! 😀

    pour ma part, j’ai fini le 4è tome des Chroniques de Ste Mary et le 3è tome des enquêtes de Lizzie Martin. Je me suis quand même bien marrée avec le premier et j’ai trouvé le 2è vraiment bien fichu. De loin le meilleur de la série.

    Prochain titre : L’Arcane des Epées !

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  3. Bien que ce soit brouillon, j’avoue être très intriguée par La vie mystérieuse, insolente et héroïque du Dr James Barry ! Je pense l’emprunter 🙂
    Bonne semaine que j’espère aussi variée ou du moins riche en (bonnes) lectures !

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  4. tampopo24 dit :

    Un belle fournée de textes féministes et graphiques. Je note surtout Brontea dont le sujet et l’expérience me tente mais j’aimerais bien emprunter et tester les deux premiers aussi ^^

    Très belle semaine à toi 🙂

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  5. De bien belles lectures ! Depuis le temps que tu parles de Léa Silhol, je me dis que je devrais peut-être tenter. Mais sur un texte court histoire de me faire un avis 😉
    Excellente semaine à toi 😘

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  6. Allys dit :

    Je pense que Sous le lierre pourrait me plaire…

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  7. Carfax dit :

    bonjour, comment vas tu? les trois premières BD me tentent bien. joli bilan. passe un bon mercredi et à bientôt!

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  8. carine79400 dit :

    Merci pour ton retour sur Charlotte Salomon. Je ne suis pas très BD mais je vais essayer de la prendre.

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  9. Bronteana me tente beaucoup. Je ne connaissais pas Charlotte Salomon non plus. Je serais curieuse de lire cette BD.

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    • ducotedechezcyan dit :

      Bronteana est vraiment une belle BD, je ne peux que te la recommander 😉 Quant à Charlotte Salomon, elle mériterait vraiment d’être plus connue et cette BD permet de le faire tout en rendant hommage à son oeuvre, une belle réussite 🙂

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