La Légende de la Ville d’Ys

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La Légende de la Ville d’Ys est la réécriture d’une légende bretonne, pour laquelle Charles Guyot s’est appuyé sur les fragments de toutes les versions qui sont parvenus jusqu’à nous.

Le roi Gradlon, qui règne sur la Cornouaille, bâtit Ys par amour pour sa fille Dahut. La ville cernée par l’océan est protégée par des digues aux portes d’origine magique. Le roi, converti au christianisme, vit dans le palais de sa fille, qui est restée fidèle aux anciennes croyances. Les habitants d’Ys, par leur manque de foi et leur mode de vie, provoquent la colère de Dieu, qui va leur infliger un terrible châtiment.

Cette légende est le récit symbolique de la lutte entre les anciennes croyances païennes et la foi chrétienne. Elle est racontée par les vainqueurs (les moines catholiques) et présente donc Dahut et ses sujets comme des gens monstrueux et dévoyés, aux moeurs cruelles et méritant la punition qui les attend. Le lecteur d’aujourd’hui y verra à quel point la religion chrétienne y est intrusive, faite d’interdits et d’intolérance et pourra comprendre pourquoi les non-convertis ont tenté d’y résister.

Dahut notamment est diabolisée à l’extrême: on sait à quel point la plupart des religions rabaissent les femmes au profit des hommes et la liberté du personnage, notamment dans ses amours, ne pouvait que déranger les moines intransigeants des débuts du christianisme. En tant que femme, c’est le genre d’histoire qui me met en colère (bien que la légende date des 1ers siècles de notre ère).

Pour ce qui est du style, Charles Guyot nous raconte l’histoire en utilisant des tournures « anciennes », qui alourdissent le texte. On finit par s’y habituer, mais la lecture n’est pas toujours très fluide.

La légende est pleine de magie et de merveilleux, comme la plupart des contes bretons ou celtiques. Une bonne partie du symbolisme accolé à certaines parties du texte est perdue pour nous et je regrette que cette édition ne contienne pas au moins une brève analyse du récit, ne serait-ce que pour remettre la légende dans son contexte historique et sociétal. Reste une histoire belle et tragique dans laquelle la sublime couverture donne envie de se plonger.

Vérification faite, ce livre semble épuisé (il était dans ma PAL depuis des années, suite à un périple en Bretagne sur la trace des légendes arthuriennes), mais il est encore possible de se le procurer en livre numérique 😉

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La Légende de la Ville d’Ys. De Charles Guyot. Editions Coop Breizh. 162 pages.

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3 commentaires pour La Légende de la Ville d’Ys

  1. Madame_Love dit :

    Ton avis est très intéressant. Je découvre avec plaisir ce livre mais je n’aurais pas la franche envie de m’y laisser séduire. Les contes font partis de ces choses que je n’aime pas lire malheureusement.

    Au passage, je t’ai nominé pour un tag/award :
    http://unlivrepeutencacherunautre.com/tag-dragons-loyalty-award/

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