Le Triangle d’Or

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Le Triangle d’Or. De Maurice Leblanc. Editions Le Livre de Poche. 382 pages.

Paris, 1915. Des mutilés de guerre volent au secours de leur infirmière, qui court de graves dangers. De l’or volé, un amour contrarié, des soupçons d’espionnage et des mystères de famille vont attirer l’attention d’Arsène Lupin.

J’aime beaucoup les histoires d’Arsène Lupin et j’étais très curieuse de découvrir ce roman, sachant qu’un précédent tome avait laissé notre héros pour mort aux yeux de ses contemporains. Malheureusement j’ai eu du mal à trouver mon compte avec ce livre.

Maurice Leblanc nous propose ici de très bonnes choses, notamment une réflexion très intéressante sur les mutilés de guerre et la place que leur accorde la société. A un siècle d’écart, ces soldats français de la 1e Guerre Mondiale ne sont pas si différents des troufions américains qui, depuis quelques années, reviennent au pays en petits morceaux après un séjour en Irak ou en Afghanistan…

A côté de ça, on se retrouve plongés jusqu’au cou dans une histoire de famille plus que tirée par les cheveux, inutilement tarabiscotée, qui donne lieu à d’interminables longueurs. Et quand on découvre le fin mot de l’histoire… mouais… Peut mieux faire!

De toute la 1e partie, assez longue, Arsène Lupin est absent. C’est le capitaine Belval, héros de cette histoire, qui reçoit une grande partie de sa personnalité et de sa gouaille. Puis le gentleman cambrioleur entre (enfin!) en scène, reprend à Belval tout son charisme, laissant celui-ci un peu exsangue et dépourvu d’intérêt. Lupin devient alors le personnage central de l’histoire, le seul à même d’affronter l’adversaire machiavélique contre lequel la lutte a commencé dès les 1es lignes.

Et là est le plus gros point négatif de cette histoire: Arsène Lupin n’est pas un personnage à part entière, mais avant tout un Deus ex Machina, qui dénoue tous les fils de cette intrigue trop compliquée pratiquement du seul fait de sa présence. Sans doute n’était-il pas possible de faire autrement pour Maurice Leblanc, condamné par son public à ressortir  systématiquement son personnage-phare à chaque nouveau roman. On peut alors se retrouver avec la plus inextricable des intrigues, l’apparition de Lupin est magique. Rien ne lui résiste. Inutile, donc, la plupart du temps, d’expliquer comment il comprend le pourquoi du comment, puisque le lecteur a toute confiance en son génie.

Bref, malgré mon indulgence pour un personnage que j’adore, Le Triangle d’Or a décidément eu bien du mal à passer. J’ai trouvé le temps très long et j’avais perdu mon intérêt pour la résolution du mystère bien avant d’arriver au dénouement, d’autant plus que certaines choses étaient très prévisibles. Reste l’aspect critique de la guerre et de ses conséquences, qui est intéressant et touchant, malheureusement vite laissé de côté au profit du rocambolesque. Et ce n’est pas la couverture particulièrement hideuse qui donne envie d’ouvrir le livre…

A lire si vous êtes un inconditionnel d’Arsène Lupin, mais on est loin du meilleur épisode de la série, à mon grand regret.

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