Diane de Poitiers

Diane de Poitiers - Didier le Fur

Diane de Poitiers. De Didier Le Fur. Editions Perrin, collection Biographie. 381 pages. (2017)

J’ai reçu ce livre grâce à la Masse Critique Babelio de janvier et aux éditions Perrin, que je remercie pour cette lecture 🙂

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Résumé de l’éditeur: Les légendes, noires et dorées, font de Diane de Poitiers (1500-1566) la maîtresse de deux rois de France, François Ier et son fils Henri II, et construisent un portrait d’elle fait de poncifs sur le  » pouvoir au féminin « . Mécène éclairée, femme libre et émancipée de toute entrave, dotée d’un sens aigu de ses intérêts financiers, elle aurait exercé par le charme et la chair une grande influence sur les hommes en charge du royaume de France, se hissant ainsi au panthéon des femmes célèbres.
L’histoire est fort séduisante. On pourrait y croire ; pourtant elle est grossièrement fausse. Didier Le Fur, pour qui les constructions historiographiques n’ont plus de secrets, explique simplement, et avec style, que l’image actuelle de Diane de Poitiers est faite d’une accumulation d’erreurs et d’approximations – volontaires ou non – reprises puis amplifiées, en fonction des modes, pendant quatre siècles. Ce faisant, l’auteur rend à cette femme passionnante sa réalité, loin des fantasmes entourant les maîtresses royales, et décrypte comment sa vie, qui reste sur bien des aspects un trou noir, a pu prendre une telle place dans l’imaginaire collectif et le roman national français. 

***

Le livre est composé de 3 parties: la 1e résume chronologiquement ce qui est généralement admis concernant l’histoire de Diane de Poitiers; la 2e est une biographie basée uniquement sur les documents d’époque fiables qui sont parvenus jusqu’à nous; la 3e décrit comment à partir de rumeurs, d’écrits diffamatoires et de déductions basées sur les préjugés de l’époque, les historiens ont créé un personnage presque de toutes pièces.

Le point négatif de cette façon de faire, c’est que c’est un peu répétitif. Les mêmes évènements et personnages sont repris et décortiqués plusieurs fois. Cependant, le procédé permet de comprendre comment une personne de chair devient une figure historique figée dans une image plus ou moins faussée.

J’ignore qui, de Didier Le Fur ou de ceux qui l’ont précédé dans l’étude de Diane de Poitiers, est le plus proche de la vérité historique. Je connais un peu cette période, mais pas assez pour démêler le vrai du faux, le possible du fantasme d’historien. Toutefois la démarche est intéressante; on y entrevoit le travail de recherche et la difficulté à discerner parmi les documents conservés ce qui relève du témoignage ou de la diffamation pure et simple. Le fait qu’à l’époque de Diane de Poitiers l’Histoire était écrite par des hommes et que les femmes étaient pour eux soit mères, soit putains n’a sûrement pas aidé à ce que l’image d’une favorite royale, de 20 ans plus âgée que son amant, soit abordée de façon positive jusqu’à une date relativement récente. Ici l’auteur tente de faire la part des choses entre la sorcière et l’héroïne. Ce n’est pas une tâche aisée…

Cette biographie permet au lecteur lambda de (re)découvrir une époque et des figures historiques que l’on connaît peu et surtout par le biais de romans (qui a dit La Reine Margot?), c’est-à-dire très mal en général. On en sait un peu plus sur l’avant (le règne de François 1er) et l’après (Catherine de Médicis et la Saint-Barthélémy), mais le règne d’Henri II est sans doute éclipsé par les périodes riches en évènements qui l’entourent. Ici l’occasion nous est donnée non seulement d’en apprendre plus sur une femme qui a marqué son époque, mais aussi sur l’époque en question.

Pour finir, un mot du style. Il n’est pas désagréable, mais le récit est parfois un peu fastidieux, du fait que l’auteur cite beaucoup de personnages et des sources variées. Il revient aussi régulièrement sur certains points, ce qui accentue encore l’impression de répétition. Et parfois, j’ai eu la sensation qu’on insistait sur des détails qui n’en valaient pas forcément la peine. Le texte est dense et les chapitres plutôt longs pour la plupart, ce qui ralentit également la lecture.

A noter également que le texte est émaillé de notes qui renvoient à la fin du livre. La très grande majorité de ces notes concernent des références bibliographiques et n’éclairent pas le propos, ce qui aurait pourtant été parfois utile.

Dans l’ensemble, une lecture instructive, avec un sujet abordé sous un angle intéressant, mais parfois un peu fastidieuse. Un livre qui serait utile pour les étudiants, tant pour le sujet que pour la méthodologie adoptée par l’auteur. Un peu aride si on n’est pas au moins un amateur éclairé, par contre.

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3 commentaires pour Diane de Poitiers

  1. Madame_Love dit :

    Effectivement l’approche a l’air intéressante !
    Dommage que ce soit un peu rébarbatif pour la lectrice lambda que je suis.
    J’aimerais bien parfois découvrir plus d’Histoire, mais l’appel des romans de fiction de ma PàL est trop fort^^

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  2. Ping : Ce que j’ai lu en février | Du côté de chez Cyan

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