L’Assassin des Ruines

Frank Stave tome 1: L’Assassin des Ruines. De Cay Rademacher. Editions du Masque. 453 pages. 2011.

Hambourg, 1947. Alors que le pays est occupé par les Alliés et connaît l’hiver le plus glacial dont on se souvienne, le cadavre d’une jeune fille nue est retrouvé dans les ruines. L’inspecteur Stave, chargé de mener les investigations, va faire équipe avec Maschke, de la brigade des moeurs, et McDonald, un officier délégué par les britanniques.

L’enquête racontée ici est classique: un cadavre, des policiers pour découvrir ce qui s’est passé et arrêter le meurtrier.

L’originalité du roman tient en deux points. Le premier est que l’intrigue est inspirée d’un fait divers réel n’ayant jamais été élucidé. Le second et le plus intéressant selon moi: le contexte historique.

On baigne dans une ambiance glaciale et dépressive. L’après-guerre dans un pays vaincu dont les crimes contre l’humanité ont horrifié le monde entier ne respire évidemment pas la joie de vivre. L’auteur offre une description extrêmement réaliste de la ville de Hambourg en ruines et des restrictions vécues par ses habitants: ravitaillement quasi impossible, marché noir, bâtiments détruits, etc, mais aussi et surtout cet hiver interminable, d’un froid polaire, qui accentue encore la détresse de la population et complique le travail de la police.

L’aspect historique était passionnant, non seulement par son réalisme, mais aussi par les thèmes qui sont abordés: dans quelle mesure les civils peuvent-ils être tenus pour responsables des crimes de guerre perpétrés par l’armée? Qui parmi les survivants allemands de la guerre est digne de confiance pour les Alliés? Qui parmi les Britanniques est digne de confiance pour les Allemands? Comment justifier les bombardements des Alliés sur des cibles civiles? Les nombreux disparus, civils ou militaires, seront-ils retrouvés, reviendront-ils un jour? Les privilèges de l’occupant sont-ils justifiés?

Vous l’aurez compris, j’ai été complètement immergée dans ce Hambourg de 1947 paralysé par le froid.

Malheureusement, j’ai été beaucoup moins convaincue par l’aspect policier de l’intrigue. Que l’enquête reste classique n’est pas vraiment rédhibitoire pour moi, puisque ça permet de développer tout un contexte réellement intéressant. Par contre, j’ai trouvé que les ficelles étaient grosses. J’ai compris assez rapidement où l’auteur allait nous trouver le coupable et, dans l’ensemble, la psychologie des personnages manquait un peu de complexité. D’autre part, les rebondissements de l’intrigue n’étaient pas tous bien convaincants et que l’explication des mobiles était tirée par les cheveux.

En gros, j’ai plus apprécié ma lecture pour son contexte que pour l’enquête, ce qui est très dommage pour un roman policier. Je ne pense pas lire les tomes suivants, celui-ci se suffisant à lui-même (à moins que vous ayez des arguments pour me convaincre?).

Si vous avez lu ce livre ou si vous en avez d’autres du même genre à me conseiller, ça m’intéresse, vous savez quoi faire dans les commentaires 😉

A lire sur des thèmes similaires: L’Inspecteur mourra seul de Charles Exbrayat.

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6 commentaires pour L’Assassin des Ruines

  1. Lynley dit :

    Je passe même si l’aspect historique est tentant !

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  2. Je le note pour le contexte et le fait que ce soit inspiré d’un fait réel non élucidé, en espérant le trouver en version audio. Avec L’ange de Munich, j’ai réalisé que ce genre d’histoire fonctionne bien pour moi sous ce format.

    Aimé par 1 personne

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