Antigone

Antigone. De Sophocle. Editions Hattier. 64 pages. 441 av. JC.

A Thèbes, le roi Créon condamne à mort Antigone, coupable d’avoir accompli les rites funéraires pour son frère Polynice.

Pour comprendre la pièce, il faut connaître un peu la légende autour d’Oedipe et sa famille. Oedipe a été maudit pour avoir réalisé la prophétie qui entourait sa naissance: il a sans le savoir tué son père et épousé sa mère. Après eux, leurs deux fils Polynice et Etéocle se sont entendus pour régner sur Thèbes à tour de rôle pendant une année. A la fin de la première année, Etéocle refuse de céder sa place à Polynice, qui attaque la ville avec l’aide d’autres cités. La guerre se termine sur la mort des deux frères, qui s’entretuent sur le champ de bataille. Créon, leur oncle, monte sur le trône. Etéocle est enterré comme un héros pour avoir défendu Thèbes contre les envahisseurs étrangers, tandis que le roi interdit sous peine de mort de donner des funérailles à Polynice, considéré comme un traître pour avoir attaquer sa ville.

La pièce commence alors qu’Antigone, la plus jeune de la fratrie, demande à sa soeur aînée de l’aider à accomplir les rites funéraires de leur frère, afin qu’il puisse rejoindre le séjour des morts dignement et que son âme n’erre pas sur terre sans trouver le repos.

Sophocle aborde plusieurs thèmes: religion et piété familiale (accomplir les rites funéraires est à la fois une marque de respect envers les dieux et envers la famille), tyrannie et intransigeance bornée (Créon refuse d’entendre raison quand on fait appel à sa clémence ou même quand les dieux interviennent par l’intermédiaire d’un devin), devoir de résistance, amour tragique (Antigone, condamnée à mort, est fiancée à Hémon, le fils du roi), etc.

C’est l’une des pièces antiques les plus faciles d’accès que j’ai lues jusqu’ici. Dans cette édition destinée aux collégiens et lycéens, il y a des notes explicatives et une introduction qui permettent d’éclairer les points plus obscurs, mais même sans ça, l’intrigue n’est pas difficile à suivre. On comprend facilement les enjeux et les motivations des personnages.

Ce que j’ai le plus apprécié dans la pièce, c’est le personnage d’Antigone, qui est une héroïne forte, à laquelle on s’attache et dont on peut admirer la force d’âme, ce qui n’est pas forcément courant dans le théâtre grec antique, témoin d’une société particulièrement misogyne et sexiste.

Cette édition propose à la fin l’épilogue de la pièce réécrite par Jean Anouilh en 1944. Je vous conseille de lire plutôt l’intégralité de cette version, qui est très intéressante aussi et qui m’avait beaucoup marquée lorsque je l’ai lu au collège. Là où Sophocle mettait l’accent sur la résistance à la tyrannie et sur le devoir familial, Anouilh propose un Créon lié par son devoir de dirigeant, faisant face à l’intransigeance de la jeunesse et déplorant les vies perdues en vain. Deux époques, deux interprétations d’un mythe.

Une très bonne lecture, portée par de très beaux monologues et un personnage féminin d’exception.

Si vous avez envie de découvrir d’autres pièces racontant d’autres épisodes de cette légende, vous pouvez lire (avant de lire Antigone et plutôt dans cette ordre si vous voulez respecter la chronologie): Oedipe Roi, de Sophocle; La Thébaïde, de Jean Racine; Les Sept contre Thèbes, d’Eschyle. Et si vous connaissez d’autres pièces ou romans consacrés à cette légende, ça m’intéresse (il y en a déjà quelques-uns dans ma WL), vous savez quoi faire dans les commentaires 😉

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2 commentaires pour Antigone

  1. Madame_Love dit :

    J’ai du le lire au lycée et j’en garde un très mauvais souvenir.

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