Filles de la Mer

Filles de la Mer. De Mary Lynn Bracht. Editions Robert Laffont. 432 pages. 2018.

Île de Jeju, années 1940. Hana et Emi sont issues d’une famille d’haenyeo, ces femmes qui plongent pour gagner leur subsistance. En protégeant sa petite soeur, Hana est enlevée par des soldats Japonais qui occupent la Corée, violée et envoyée dans un bordel militaire. Des dizaines d’années plus tard, Emi va tenter de retrouver Hana, qui n’est jamais revenue.

Nous suivons en parallèle l’histoire des deux soeurs: celle de Hana dans les années 40 et celle d’Emi à la fois dans le passé et dans le présent. A travers elles, c’est l’Histoire de la Corée que nous découvrons, celle d’un pays occupé par un envahisseur cruel, violent et ignoble, puis d’un pays ravagé par la guerre civile et enfin celui de la Corée du Sud contemporaine, qui souligne la méconnaissance du passé des générations suivantes.

Mais aussi et surtout, ce que nous découvrons ici, c’est l’histoire de la condition des femmes dans cette Corée blessée et ça fait réellement froid dans le dos. Avant de vous lancer dans cette lecture, sachez que des viols, meurtres, mutilations, violences physiques et psychologiques et crimes de guerre sont explicitement décrits dans ce livre (je vous laisserai juger du niveau de complaisance de ces descriptions), y compris sur des enfants. Et, même si on est ici dans un roman, tous les faits racontés ont réellement eu lieu, quoi qu’en disent les négationnistes japonais.

Si les horreurs vécues par Hana après son enlèvement forment l’aspect le plus révoltant de l’intrigue, celles de la vie d’Emi sont également choquantes et tout aussi ancrées dans la réalité historique.

La plume est fluide, abordable. Elle permet aux lecteur-ice-s de s’immerger dans l’histoire, même si les évènements racontés sont écoeurants. Le récit m’a semblé un peu déséquilibré entre les deux soeurs. J’aurais aimé suivre davantage Emi dans sa vie et dans sa relation avec ses enfants. J’aurais apprécié aussi d’en apprendre plus sur les manifestations de protestation pour la reconnaissance des crimes de guerre perpétrés par l’armée japonaise et leurs répercussions sur la vie publique ou la politique coréennes. D’autre part, j’ai trouvé la dernière partie concernant Hana peu crédible, même si le contexte était intéressant.

Une lecture choquante, mais ce genre de roman est nécessaire pour ne jamais oublier que ces évènements ont réellement eu lieu. Ceci dit, j’ai trouvé que l’autrice allait parfois dans la facilité pour faire avancer l’histoire. Certains aspects auraient mérité d’être davantage creusés au lieu de s’attarder sur la description des violences les plus sordides et insupportables.

Difficile de qualifier cette lecture de « bonne » vu les faits racontés, mais qui vaut la peine d’être faite pour faire connaître cette page particulièrement horrible de l’Histoire.

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Si vous avez d’autres titres à me conseiller sur ces sujets, ça m’intéresse, vous savez quoi faire dans les commentaires. Bonne lecture 😉

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5 commentaires pour Filles de la Mer

  1. Je dois le lire depuis des lustres, mais vu les thématiques abordées, je n’ai jamais osé me lancer même si comme tu le soulignes, c’est une lecture nécessaire.
    Une amie coréenne m’avait néanmoins raconté certaines choses et d’après ce que j’ai pu comprendre, les blessures, du moins dans sa famille et chez ses proches, sont encore bien ouvertes. Et le négationnisme japonais n’aide pas à les panser…

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  2. Marion dit :

    J’ai ce livre dans ma PAL depuis quelque temps maintenant. Je pense le lire bientôt car ta critique donne vraiment envie de découvrir l’histoire. Mais, j’avoue qu’étant particulièrement sensible, je crains de ne pas forcément pouvoir supporter les violences faites sur les femmes et les enfants… Mais il s’agit, comme tu le dis, d’une histoire à connaître.

    Aimé par 1 personne

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