Un jour, une nouvelle

Comme je vous l’expliquais dans mon précédent billet, ma première semaine de l’année démarrait mal niveau lecture et, pour essayer de lire un peu malgré tout (parce que je ne peux pas affronter une journée si elle n’a pas commencé par un peu de lecture), j’ai décidé d’essayer de lire au moins une nouvelle par jour. Je vous fais un petit bilan.

Nouvelles au fil du Temps tome 2: 1971-1981 Les Jeux du Capricorne. Editions Flammarion. 715 pages. 2001.

Résumé de l’éditeur: Ce deuxième des quatre volumes rassemblant, dans l’ordre de leur composition, les nouvelles les plus significatives d’une œuvre qui en comporte près d’un millier – choisies et présentées par Robert Silverberg, qui a écrit une introduction spécifique pour chacune d’entre elles-, couvre la période comprise entre 1971 et 1981. Une décennie particulièrement tourmentée pour le monde et pour l’auteur lui-même, qui avertit d’entrée de jeu (x) :  » il arrive bien des choses bizarres et déstabilisantes aux personnages des récits réunis ici, et le lecteur qui s’y aventurera risque de se trouver emporté dans un voyage peu ordinaire, comme le fut leur auteur dans les années où elles furent écrites.

J’avais lu la préface de ce recueil avant de partir en vacances en décembre, pour voir si elle me donnait envie de l’emporter dans ma valise. Finalement je l’avais laissé et je n’ai lu la première nouvelle, celle qui donne son titre au recueil, que le 1er janvier.

Il y est question d’une femme, dans un futur indéterminé (du moins je n’ai pas souvenir qu’on ait des précisions à ce sujet), qui assiste à une fête où elle espère convaincre un homme immortel de lui transmettre son don de vivre jeune et belle à jamais.

Je n’ai pas aimé cette nouvelle, que j’ai trouvé très sexiste. Du coup tout ce qui semblait intéressant dans les thèmes abordés m’est totalement passé au-dessus de la tête. Une femme préoccupée uniquement de son âge et de sa beauté face à la concupiscence des hommes présents, ça a tendance à détourner mon attention du reste pour m’exaspérer, bizarrement.

Le seul intérêt que j’ai trouvé à cette lecture était la présentation de l’auteur, en fait.


Les Oiseaux et autres Nouvelles. De Daphné du Maurier. Editions Le Livre de Poche. 446 pages. 1964 pour cette édition.

Ce recueil regroupe 7 nouvelles:

  • Les Oiseaux
  • Le Pommier
  • Encore un baiser
  • Le Vieux
  • Mobile inconnu
  • Le petit Photographe
  • Une seconde d’Eternité

Certaines histoires appartiennent au genre du thriller, d’autres plongent résolument dans le fantastique. Toutes maintiennent l’intérêt grâce à leur ambiance et à la tension qui en découle.

Les Oiseaux est celle qui marque le plus, à cause du film qui en a été tiré, qui est très différent de l’histoire originale*. La nouvelle est tout aussi spectaculaire et l’angoisse et l’incertitude qui forment le fond de l’intrigue sont très efficaces. La tension monte lentement et le fait de ne pas savoir le pourquoi des attaques d’oiseaux vous fait regarder le moindre pigeon avec suspicion une fois le livre refermé.

Le Pommier est l’histoire d’un homme devenu veuf qui se prend de dégoût pour un vieux pommier de son jardin, qui lui rappelle son épouse défunte. L’accent est mis sur la condition des femmes et les mauvais traitements psychologiques infligés à sa femme par le protagoniste, qui est parfaitement détestable. Le récit s’axe rapidement sur un bras de fer entre l’homme et l’arbre. C’était assez original et intéressant, l’autrice réussit à nous entraîner dans une ambiance malaisante qui perdure jusqu’à la fin.

Encore un baiser est une courte « romance » (entre guillemets, parce que la vision qu’a des femmes le narrateur donne envie de se taper la tête contre les murs) à l’ambiance étrange. On comprend assez rapidement où l’autrice veut en venir et j’ai regretté qu’elle n’en fasse pas une histoire plus longue, ç’aurait pu être un bon roman à suspense.

Le Vieux est l’histoire qui m’a le plus déstabilisée. Elle tourne autour d’une famille de marginaux vivant isolés près de la mer et de leur comportement étrange envers leurs enfants. J’ai eu l’impression d’être totalement passée à côté en arrivant à la fin, dont je n’ai pas compris d’où elle sortait.

Mobile inconnu est une enquête policière autour du suicide présumé d’une femme de la bonne société. L’intrigue est bien menée et aborde elle aussi la condition des femmes et des jeunes filles. Certains détails sont sordides et c’est assez triste, mais ç’a été une bonne lecture. Certains détails rappellent un peu Rebecca, mais le traitement est très différent.

Le petit Photographe raconte la rencontre entre une marquise désoeuvrée et un jeune homme handicapé, photographe, et la relation qui se noue entre eux. Je n’ai pas aimé cette nouvelle, que j’ai trouvé trop longue. Cette longueur semblait nécessaire à la mise en place d’une chute surprenante, mais ça n’a pas suffi à me faire aimer cette histoire, peuplée de personnages que j’ai détestés.

Une seconde d’Eternité traite du quotidien d’une femme et de la façon dont il est brutalement bouleversé lorsqu’elle rentre chez elle et découvre que sa vie semble s’être évaporée. J’ai bien aimé cette nouvelle, même si la mise en place est un peu longue et qu’on voit venir la chute de très loin. J’ai trouvé la relation mère-fille intéressante et les réactions de l’héroïne plausibles. L’ensemble était bien mené.

Un recueil intéressant, même si je ne pense pas être marquée à long terme par ma lecture. Si vous avez envie de découvrir Daphné Du Maurier, ce livre peut être un bon point d’entrée pour son oeuvre.

 *J’avais prévu de vous proposer un billet qui comparait les deux versions, mais après avoir visionné un portrait de l’actrice Tippi Hedren sur Arte, dans lequel elle témoignait de l’agression sexuelle et des violences physiques que le cinéaste lui avait fait subir pendant le tournage, je refuse absolument de promouvoir le travail de ce sale type sur mon blog.


Le Molosse. De H.P. Lovecraft. Editions Bragelonne, collection Brage. 50 pages. 1924.

Résumé de l’éditeur: Pour contrer l’ennui et enrichir leur musée macabre, deux amis en quête d’émotions fortes s’improvisent pilleurs de sépultures. Leurs expéditions morbides les mènent dans un cimetière de Hollande, où ils entreprennent d’exhumer un cadavre au passé sulfureux. Ils y dénichent une amulette sculptée dans du jade vert, à la forme animale inidentifiable et aux inscriptions renvoyant au Necronomicon. Le temps de leur entreprise, ils sont accompagnés par les aboiements lointains d’un cerbère. Ce molosse n’aura de cesse, dès lors, de les poursuivre.

J’avais cette nouvelle au format numérique depuis assez longtemps, mon idée de lire des nouvelles a été l’occasion de faire cette lecture. Et je regrette de ne pas l’avoir fait plus tôt, car c’est à ce jour l’histoire de Lovecraft que j’ai préférée 🙂

On suit deux violeurs de sépultures, dont l’un est le narrateur, ayant volé une amulette dans une tombe et se retrouvant hantés par un monstre. L’intrigue est assez classique, il s’agit de découvrir si les protagonistes vont réussir à lui échapper. L’intérêt de la nouvelle a davantage résidé pour moi dans l’ambiance et les lieux décrits par l’auteur: le style, un peu grandiloquent par moment, convient parfaitement à l’histoire racontée. Les descriptions ont un côté gothique qui rappelle le Dracula de Bram Stocker et Le Chien des Baskerville de Conan Doyle n’est pas loin non plus, mais la nouvelle a sa propre identité visuelle et mythologique. La tension monte crescendo, c’est angoissant et creepy à souhait.

Très bonne lecture, je recommande vivement si vous aimez ce genre.


J’ai fait une pause dans ma lecture de nouvelles pour lire les essais et articles rassemblés dans ce livre de Margaret Atwood, mais j’espère reprendre ce rythme d’un jour, une nouvelle ensuite, j’en ai encore beaucoup dans ma PAL.

Si vous avez lu ou comptez lire certaines des nouvelles dont je parle dans ce billet, votre avis m’intéresse, vous savez quoi faire dans les commentaires 😉

Et vous, est-ce que vous aimez les nouvelles?

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18 commentaires pour Un jour, une nouvelle

  1. De Daphné du Maurier est une autrice que j’ai envie de découvrir depuis un moment et ton conseil me semble plus qu’avisé…

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  2. Tu as enchaîné les nouvelles ! J’ai tendance à les picorer, car j’ai besoin de lire un truc plus consistant. Je garde un excellent souvenir des nouvelles de Hitchcoock ! Ou Pierre Bellmare 😉

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  3. Je ne connaissais pas « Le molosse » de Lovecraft, je me la note ! De lui, j’ai justement découvert hier « L’étrange maison haute dans la brume » – sympa mais pas la plus marquante du recueil que je lis («  »Les autres dieux » et autres nouvelles »).

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