Journal de lecture du 22 au 28 avril

Déjà mardi et donc le moment de vous parler de mes lectures de la semaine dernière 🙂 Après les flops de la semaine précédente, je craignais de repartir sur des lectures peu marquantes ou un minimum enthousiasmantes, mais finalement, ça s’est plus ou moins équilibré grâce à une BD et à mes lectures du week-end 🙂


Lundi-mardi: je termine un des livres avec lesquels je vous laissais la semaine dernière:

Monde perdu (Mundo perdido). De Patrícia Melo. Editions Actes Sud, collection Lettres latino-américaine. 206 pages. 2008.

Résumé: Après dix ans de cavale, le tueur professionnel Mâiquel, « comme Màiquel Jackson, l’artiste », revient à Sào Paulo pour enterrer la vieille tante qui constituait sa seule famille. Plus solitaire que jamais, il réalise qu’il lui reste au monde sa fille Samanta, tombée aux mains des évangélistes. Grâce au pécule hérité de tante Rosa, il entreprend un road movie effréné à travers le Brésil des hors-la-loi pour retrouver l’enfant qu’il n’a pas vue grandir. D’un bout à l’autre du pays, il multiplie les rencontres, les cadavres et les amours sans lendemain. Paysans sans terre, abattoirs clandestins, déforestation sauvage, caïds du narcotrafic, sectes qui délestent surtout les crève-la faim : un monde en perdition, loin du mythique Rio qui « en jette ». Si toute la compassion dont il est capable va au chien famélique qui l’accompagne, les épreuves du périple avivent la détermination de Mâiquel. Malgré ses désirs de vengeance, il en vient à concevoir la possibilité d’un avenir meilleur : une vie tranquille, un travail honnête.

J’ai peu à dire sur ce très court roman, qui m’avait été conseillé par une bibliothécaire lors de mon dernière passage à la bibliothèque lorsque j’ai demandé une suggestion: je voulais lire une autrice sud-américaine. Et je dois dire que la seule chose satisfaisante qui ressort de ma lecture, c’est d’avoir ajouté le Brésil à la liste des pays que j’ai visités littérairement…

Je vois bien la critique sociale que fait l’autrice, même si elle montre plutôt qu’elle ne dénonce (la façon dont le protagoniste parle des femmes… pffff), mais j’avoue que l’intrigue ne m’a pas particulièrement intéressée et que sa résolution m’a laissée perplexe. En fait, je crois que je n’ai juste pas compris ce qu’essayait d’exprimer l’autrice à travers ce livre et je suis passée à côté de cette lecture, même si la plume est agréable et que ça se lit assez facilement. La façon dont les dialogues sont insérés dans le fil du récit est un peu déstabilisante au début; j’avais déjà rencontré ce style chez une autre autrice sud-américaine (Fernanda Melchior) et du coup je me demande si c’est quelque chose d’habituel dans la littérature de cette région du monde, vu que je suis assez ignorante sur le sujet. Si vous connaissez cette littérature, qu’en pensez-vous?

Une expérience de lecture intéressante pour le contexte brésilien, mais je ne me serais pas dirigée vers ce titre spontanément et je crois que c’est la preuve que je cerne bien mes attentes et mes goûts. A lire par curiosité ou si vous aimez le dépaysement ou les histoires qui vous placent dans la tête d’un criminel.


Mardi: je laisse de côté mon autre roman en cours et je me plonge dans une grosse BD:

Médée, Intégrale. De Nancy Peña et Blandine Le Callet. Editions Casterman. 317 pages. 2021.

Résumé: Cette interprétation du mythe antique de Médée, fille d’Aétès roi de Colchide, présente sa vie chaotique et tourmentée faite de ruptures et de fuites en avant, de meurtres et d’infanticides.

J’avais déjà lu le tome 1 de cette BD il y a plusieurs années et je n’avais jamais lu la suite parce que je n’avais pas été entièrement convaincue sur le moment. Malgré tout, j’ai eu envie de lui redonner une chance. Et j’ai bien fait, parce que ç’a été une bonne lecture.

Je connaissais déjà la légende à l’origine de cette réécriture/réinterprétation pour avoir lu différentes versions dans des livres consacrés à la mythologie grecque et la pièce qu’en avait tiré Sénèque. Ici les autrices prennent quelques libertés avec ce qu’on retient généralement de cette histoire, ce qui rend le récit beaucoup plus lisible pour un lectorat contemporain et, surtout, permet de tracer un portrait féministe plus moderne du personnage. Personnage dont le nom a traversé les siècles pour la monstruosité de ses crimes, alors que (je paraphrase) celui d’hommes ayant commis des crimes de masse n’a pas été aussi haï que le sien. La BD n’excuse certainement pas Médée, mais remet son histoire dans un contexte patriarcal étouffant, questionne la responsabilité des hommes de son entourage et lui donne une personnalité plus profonde.

Les dessins sont agréables, inspirés d’oeuvres antiques dont ils reprennent en partie les couleurs. Les personnages ont des traits variés et facilement identifiables, les décors sont nombreux et d’une grande richesse.

Mon seul bémol est que certains passages sont quand même très longs et /ou répétitifs. J’imagine que c’est moins gênant lorsqu’on lit les tomes séparément.

Les amateur-ice-s de réécriture mythologique devraient y trouver leur compte, à condition de ne pas s’attendre à de la romantasy à la mode. On est vraiment dans la tragédie globalement fidèle avec le mythe original.


Mercredi-jeudi: je sors un roman que j’avais repéré pour Mars au féminin, mais n’avais pas eu l’occasion de lire.

L’heure des femmes. D’Adèle Bréau. Editions JC Lattès. 462 pages. 2023.

Résumé: Paris, 1967. Menie, une mère de famille bourgeoise d’une cinquantaine d’années, est recrutée par la radio RTL pour animer une émission dans laquelle les femmes peuvent se confier. Bientôt, des millions de français se passionnent pour cette diffusion, qui fait ressortir les changements sociaux de l’époque. Cinquante ans plus tard, Esther, une documentariste se replonge dans ces années.

Dans sa construction et dans une partie des thèmes abordés, ce roman se rapproche du Réseau Jane, que j’avais lu le mois dernier et qui m’avait beaucoup touchée. Ses points faibles sont également les mêmes: les personnages ne sont pas très attachants (voire ils sont assez agaçants dans le cas de Ménie) et la plume manquait trop de force pour que je me sente réellement émue, là où Le Réseau Jane avait réussi à m’impliquer dans certains pans de l’intrigue. J’ai souvent eu l’impression de lire plus un résumé de ce qui se passait.

J’ai lu ce livre en 2 jours malgré ses presque 500 pages: ça se lit bien, ça se lit vite, mais malgré les sujets abordés ça s’oubliera sûrement très vite aussi. Je n’ai pas lu cette histoire rapidement parce que j’avais envie de dévorer le roman pour en savoir plus, mais parce que c’était (trop) facile à lire, alors que les thèmes abordés étaient pourtant intéressants.

Malgré tout, l’autrice aborde un tas de sujets autour de l’oppression des femmes et des violences qui leur sont infligées et, ne serait-ce que pour cette raison, je ne vous déconseillerai pas ce livre, même si je pense qu’on peut trouver beaucoup plus marquant dans le genre.


Lundi-samedi: je traîne péniblement un livre déjà en cours en fin de semaine dernière:

Keiko tome 1: Dark Run (Keiko, book 1: Dark Run). De Mike Brooks. Editions Fleuve (Outrefleuve). 416 pages. 2015 pour la vo. 2019 pour cette édition.

Résumé: Ichabod Drift est le capitaine de la Keiko et dirige une équipe de chasseurs de primes à travers la galaxie. Parmi eux, une tueuse implacable, une pilote téméraire, ou bien encore un sombre guerrier. Tous possèdent un passé mystérieux qui les a amenés à bord de la Keiko. Première règle : on ne pose pas de question.
Et voilà qu’Ichabod lui-même est rattrapé par son passé. Son ancien employeur, une ordure particulièrement puissante dans le monde du crime terrien, l’a kidnappé. Il a besoin de lui et de son équipage pour un transport délicat. Le capitaine n’a d’autre choix que d’accepter.

J’ai supprimé la dernière phrase du résumé, qui est spoilante, faites attention si vous lisez la 4e de couverture.

Le bandeau dit « la rencontre épique entre les Gardiens de la Galaxie et Han Solo« . Il y a un peu de ça, on peut y ajouter aussi un peu de Firefly, de Cow Boy Bebop et autres histoires du même genre, voire même un peu de James Bond. Mais je n’ai rien vu d’épique là-dedans, c’est de la sf d’aventures assez bourrin et pas particulièrement originale. ça fonctionne parce qu’il y a beaucoup d’action, mais c’est de la SF de mec (ce qui est souligné avec des gros sabots à quelques reprises, notamment aux alentours des pages 220-225 dans un chapitre qui m’a particulièrement énervée).

Pas vraiment subtil, ni marquant, on est plus dans le divertissement pop-corn peu exigeant et sexiste. Je ne lirai pas la suite et je ne recommande pas, à moins d’être amateur (au masculin) de ce genre de choses. Si j’avais été futée, j’aurais laissé tomber ma lecture, elle ne méritait clairement pas tout le temps que j’ai peiné dessus.


Vendredi-dimanche: je lis un livre documentaire qui tranche totalement avec mes lectures précédentes:

Le pansori : un art lyrique coréen. De Lee Mee-Jeong. Edité par le Centre de recherches sur la Corée, Paris. 125 pages. 2002.

Résumé: Le pansori est un spectacle donné par un chanteur ou une chanteuse, accompagnés d’un joueur de tambour, qui relatent des légendes ou des histoires exemplaires inscrites dans la mémoire coréenne en interprétant tous les personnages à eux-seuls, faisant alterner des passages chantés et récités. Cet album privilégie l’aspect humain de cet art qui allie chant, poésie, danse et théâtre.

Comme vous le savez (ou pas), j’apprends le coréen depuis plusieurs années et pour moi ça passe par la découverte de la culture coréenne. Ce livre a été l’occasion de découvrir un pan important de l’Histoire de la musique du pays. Et comme il a été écrit par un auteur coréen, c’était en plus l’occasion de cocher une case de mon Bingo 🙂

Je vais faire bref, parce que je ne pense pas que beaucoup d’entre vous seront intéressé-e-s par ce livre: c’était vraiment une lecture très intéressante.

Le livre détaille tous les aspects du pansori, des sujets des chants aux différents genres en passant par les instruments et l’évolution de cet art traditionnel. Les éléments les plus techniques de solfège étaient trop complexes pour moi, mais pour le reste c’était vraiment très bien fait et toujours intéressant. Il ne me reste plus qu’à écouter/voir un spectacle pour parachever ma découverte 🙂


Je termine la semaine avec ce roman commencé dimanche:

Ici n’est plus ici (There There). De Tommy Orange. Editions Albin Michel (Terres d’Amérique). 352 pages. 2018 pour la vo. 2019 pour cette édition.

Résumé: A Oakland, dans la baie de San Francisco, les Indiens ne vivent pas sur une réserve mais dans un univers façonné par la rue et par la pauvreté, où chacun porte les traces d’une histoire douloureuse. Pourtant, tous les membres de cette communauté disparate tiennent à célébrer la beauté d’une culture que l’Amérique a bien failli engloutir. À l’occasion d’un grand pow-wow, douze personnages, hommes et femmes, jeunes et moins jeunes, vont voir leurs destins se lier. Ensemble, ils vont faire l’expérience de la violence et de la destruction, comme leurs ancêtres tant de fois avant eux.

Contrairement à L’Heure des Femmes, ce roman est porté à la fois par l’importance des sujets abordés et par une plume d’une grande puissance évocatrice. On en reparle dans mon prochain journal de lecture 😉


C’est tout pour la semaine dernière, elle a été bien remplie! J’ai eu des hauts et des bas avec ces lectures, mais le week-end a été particulièrement riche 🙂

Comme d’habitude, si vous avez lu ou comptez lire un des livres présentés dans ce billet, si un des sujets abordés vous inspire des réflexions ou si vous voulez juste papoter, vous savez quoi faire dans les commentaires 😉

Et pour vous, c’était comment la semaine dernière? Vous avez fait de bonnes lectures? Des titres à me conseiller? 😉

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17 commentaires pour Journal de lecture du 22 au 28 avril

  1. Steven dit :

    Et bien que de lectures encore une fois !

    En te souhaitant une toute aussi prolifique semaine 😉

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  2. tampopo24 dit :

    De la mythologie sans romantasy, je dis OUI !
    Je note de regarder si les dessins de Médée me plaise parce que le sujet et son traitement oui assurément. Merci pour la découverte.
    Très belle semaine à toi et contente que ça se soit mieux passé que la dernière fois ^^

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  3. Lynley dit :

    Grosse semaine effectivement ! J’ai fini le T3 de l’Arcane des Epées la semaine dernière et fini ensuite le T4 de Lizzie Martin. Deux excellentes lectures.

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  4. « le dépaysement ou les histoires qui vous placent dans la tête d’un criminel » Deux choses qui me plaisent et si ma PAL était de taille plus raisonnable, j’aurais tenté Monde perdu…
    J’ai tout oublié mais j’avais apprécié Médée et je suis très très fortement tentée par Le pansori !

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  5. L’heure des femmes et Monde perdu me tentent beaucoup, l’un est dans ma PAL, l’autre, je vais attendre un peu avant de l’acheter 😉 Une semaine riche en lecture dans l’ensemble même si elles ne sont pas toutes à la hauteur de tes attentes, tu semble avoir passé une belle semaine 😉

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  6. Exuline dit :

    coucou,

    Quel dommage pour Monde perdu, le synopsis était pourtant très accrocheur je trouve.

    Pour l’heure des femmes, tu n’es pas la seule à l’avoir trouvé en dessous, je resterai donc pour ma part sur mon impression du Réseau Jane.

    Très bonne semaine à toi.

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    • ducotedechezcyan dit :

      Oui, c’est dommage. Mais le résumé induit un peu en erreur, je trouve.

      Le Réseau Jane avait aussi des faiblesses au niveau de l’écriture, mais les personnages et les situations étaient nettement plus marquants.

      Belle semaine à toi aussi 😉

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