Des pièces de Tchékhov

Théâtre complet tome 2 d’Anton Tchekhov. Editions Folio, collection Classique. 629 pages. 1884-1904.

Parmi toutes ces pièces, j’avais déjà lu La Cerisaie et Oncle Vania, je ne les ai pas relues.

Le Sauvage*. 1889.

Comme avec la plupart des pièces de l’auteur, on se retrouve avec un groupe de personnages issus de la bonne société, dans une région rurale où le choix des fréquentations est restreint et où la plupart des protagonistes rencontrent des problèmes d’argent et de coeur.

Le Sauvage du titre est un homme moqué par ses voisins pour ce qu’ils appellent son obsession à vouloir préserver la nature, en particulier les forêts, qu’eux ne considèrent que comme un placement financier. Il est également question de la place des femmes et du sexisme dont elles sont victimes.

La meilleure pièce de l’auteur à mon avis, qui traite de sujets très contemporains au milieu d’autres plus habituels à l’auteur.

*Cette pièce est également connue sous les titres: L’Homme des bois ou Le Génie des forêts ou Le Sylvain.

Neuf pièces en un acte:

Sur la Grand-Route. 1884.

Dans une auberge, un groupe de personnages de passage, issus de milieux différents, doivent passer une soirée et une nuit ensemble.

Intéressant pour les thèmes abordés: alcoolisme, bigoterie, violence envers les femmes. Malheureusement la pièce semble dire peu subtilement que la plupart des problèmes rencontrés par les hommes sont dus aux femmes et à leur déloyauté.

Le Chant du Cygne. 1886.

Un acteur à la fin de sa vie et son souffleur discutent du passage du temps et de l’inanité de la gloire connue par le comédien dans sa jeunesse.

Les thèmes sont intéressants, dommage que l’essentiel de la pièce soit composé de tirades empruntées à d’autres auteurs.

L’Ours. 1888.

Une veuve et son créancier se disputent sur une somme d’argent due qui ne peut être remboursée immédiatement. La joute verbale s’envenime avant de se transformer en « romance ».

On est dans le registre de la comédie, le ridicule n’épargne aucun des personnages. Rien de marquant, si on n’était pas dans l’humour, qui n’épargne ni les hommes ni les femmes, on pourrait s’indigner sur les techniques de dragues « musclées »…

Une Demande en Mariage. 1888-1889.

Un jeune homme vient demander la main de la fille de son voisin. Demande qui est agréée par tout le monde, mais qui ne cesse de tourner à la dispute, les deux familles s’attribuant la possession d’une même terre.

Une scène assez drôle autour de ces personnages qui sont incapables de se fiancer sans se disputer. Rien de mémorable, mais plutôt rigolo.

Le Tragédien malgré lui. 1889-1890.

Un homme vient se plaindre à son ami d’être devenu le garçon de courses de sa famille et ses voisins.

Le côté absurde de la pièce est amusant, on passe un bon moment sans que ce soit particulièrement profond. La chute est assez prévisible, mais ça se laisse lire sans déplaisir.

Une Noce. 1889-1890.

La suite de Une Demande en Mariage. Ici les personnages célèbrent leur mariage et leur seul but semble être d’avoir à leur table des gens prestigieux.

Rien de mémorable avec cette pièce. On dénonce la médiocrité, l’hypocrisie et la bêtise des personnages impliqués. Je retiens seulement le talent de l’auteur pour me faire ressentir la cohue et le brouhaha ambiant.

Un Jubilé. 1891.

Le directeur d’une banque et son bras droit essaient d’organiser l’anniversaire de l’établissement, mais sont constamment dérangés par divers personnages.

J’avais tout oublié de l’argument de cette pièce, j’ai dû aller voir de quoi elle traitait sur Wikipedia pour en parler, c’est dire à quel point je me suis sentie impliquée ^^ Maintenant je me souviens seulement que le traitement des personnages féminins m’avait agacée.

Les Méfaits du Tabac. 1886-1902.

Un homme chargé de faire une conférence sur les méfaits du tabac s’étale sur les malheurs de sa vie privée, rendue insupportable par les mauvais traitements que lui inflige sa tyrannique épouse, directrice d’un pensionnat de jeunes filles.

Il s’agit d’un long et pathétique monologue où le protagoniste se plaint de sa femme. Si le thème des violences conjugales envers les hommes est original et intéressant, celui de la femme source de tous les maux, récurrent dans les pièces de Tchékhov, est carrément lassant…

Tatiana Repina. 1889.

Pièce inspirée d’un fait divers réel: une vague de suicide de femmes que des hommes avaient mal traitées. La scène se déroule dans une église pendant le mariage d’un couple à l’origine du suicide de Tatiana Repina.

Comme avec Une Noce, l’auteur restitue très bien l’effet de foule qui sert de toile de fond à cette courte intrigue. Et cette fois ce sont les hommes qui sont pointés du doigt pour leurs agissements. Une légère touche de fantastique donne un intérêt supplémentaire à la pièce.

Ces neuf pièces en un acte ne m’ont pas marquée, du fait de leur brièveté. J’aurais apprécié de voir certaines intrigues davantage développées. Telles qu’elles sont, je n’en retiens réellement aucune, même si certains des thèmes abordés m’ont plu. Quoi qu’il en soit, ces pièces très courtes (seulement quelques pages pour certaines) peuvent être une bonne porte d’entrée pour quelqu’un qui souhaiterait découvrir le théâtre russe de l’époque ou la plume de l’auteur.

Ma lecture du théâtre de Tchekhov se conclut ici. J’ai trouvé vraiment intéressant de découvrir les pièces de l’auteur que je ne connaissais pas encore, même si je lui reprocherais d’aborder un peu toujours les mêmes thèmes. Seule une petite poignée de ces pièces me restera en mémoire: Le Sauvage, La Mouette et La Cerisaie, je ne regrette pas pour autant d’avoir lu les autres.

Si vous vous intéressez au théâtre et/ou à la littérature russe, n’hésitez pas à donner une chance à Thekhov.

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5 commentaires pour Des pièces de Tchékhov

  1. Je note donc Le Sauvage et Une Demande en Mariage, parce que de temps en temps, j’aime bien ce type d’humour. Dommage pour Le chant du cygne, la thématique me disait bien…

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