La Trilogie de l’Empire: une fantasy japonisante immersive et palpitante

Une série enfin terminée!

En 2022, j’avais pour objectif de terminer un maximum de séries. Certaines traînaient dans ma PAL depuis trèèèès longtemps, dont La Trilogie de l’Empire, dont j’avais lu le 1er tome en 2016 et le 2e tome en 2017.

La Trilogie de l’Empire tome 3: Maîtresse de l’Empire. De Raymon E. Feist et Janny Wurts. Editions Milady, collection Fantasy. 900 pages. 1992.

En fait, j’avais commencé à lire le dernier fin 2018, avant de le mettre de côté après environ 150 pages: le roman s’ouvrait sur un meurtre particulièrement ignoble et, même s’il y avait déjà eu beaucoup de morts dans les précédents opus, celui-ci arrivait à un moment où je n’étais pas capable de l’avaler sereinement. La perspective de relire ces 150 pages pénibles émotionnellement m’avait fait repousser ma lecture depuis tout ce temps, mais finalement j’ai eu envie de me replonger dans l’ambiance de cette série et de la terminer enfin.

Pour être honnête avec vous, je n’ai pas relu le début: j’avais été tellement marquée par les évènements qui ouvraient le roman que j’en avais un souvenir très vivace malgré le temps passé. Mon marque-page était resté dans le livre, je me suis contentée de reprendre au début du chapitre et je n’ai eu aucune difficulté à retrouver le fil de ma lecture. J’ai juste mis un peu de temps à me rappeler qui était qui parmi les personnages secondaires, mais c’est revenu très vite.

Une trilogie compagnon, au coeur d’un long cycle de fantasy

La première chose à savoir concernant cette trilogie est qu’elle se déroule en parallèle du premier cycle par lequel débute cette (très longue) saga: La Guerre de la Faille de Raymond E. Feist. Ce premier cycle compte 4 tomes: Magicien, l’Apprenti; Magicien, le Mage; Silverthorn, Ténèbres sur Sethanon. Dans cette tétralogie, nous suivons Pug, un jeune orphelin qui devient l’apprenti d’un magicien, dans un royaume de type médiéval, Midkemia, qui va connaître la guerre avec un terrible ennemi. Rien de bien nouveau dans ce point de départ, c’est assez classique.

L’originalité de la série tient au fait que la guerre qui intervient dans cet univers est déclarée entre Midkemia et les habitants d’un pays, Kelewan, situé sur une autre planète. Les habitants de Kelewan envahissent Midkemia en passant par une faille ouverte par leurs magiciens entre les deux mondes. La tétralogie originelle raconte l’histoire du point de vue de Midkemia. La Trilogie de l’Empire raconte ce qui se passait à Kelewan pendant ce temps, du point de vue de Mara, qui était une des personnalités les plus puissantes de l’Empire intervenant dans les aventures de Pug.

La Trilogie de l’Empire peut être lue indépendamment, mais je vous conseille très vivement de commencer par La Guerre de la Faille. De nombreux éléments et enjeux ne peuvent être compris qu’en ayant tous les faits en main et on ne peut les avoir qu’en lisant la partie de l’histoire se déroulant du point de vue de Pug: certains aspects ne sont que mentionnés brièvement et vous risquez de ne pas tout comprendre à ce qui se passe à Kelewan et pourquoi. 4 gros tomes en plus des 3 très gros aussi de cette trilogie, ça peut rebuter, mais je vous assure qu’ils se dévorent, ne vous laissez pas effrayer si la série vous tente 😉

Survivre, se venger et protéger son avenir

Fille de l'empireDans le premier tome, Fille de l’Empire, nous faisions connaissance avec Mara alors qu’elle devenait la Dame des Acomas, l’ensemble de son clan ayant été pratiquement réduit à néant par ses ennemis. Seule survivante de sa famille, elle devait trouver le moyen de réparer les dégâts et de survivre malgré sa faiblesse et les nombreux ennemis qui l’entouraient. Ses terres ayant été ravagées et son armée décimée, Mara ne pouvait compter que sur la fidélité des rares survivants et sur un atout que ses ennemis n’avaient pas envisagé, surtout de la part d’une adolescente: son extrême intelligence.

En commençant la Trilogie de l’Empire, nous savons déjà que Mara va devenir un grand personnage de Kelewan, mais ça ne gâche en rien la lecture (surtout que les titres des tomes 2 et 3 sont spoilants): c’est comment elle parvient à redresser son clan dans le tome 1, comment elle gagne sa place dans l’Empire dans le tome 2 et comment l’ensemble de ses problèmes et de ceux de son peuple seront résolus dans le dernier tome que réside l’intérêt de l’intrigue. Intrigue qui se déroule sur de nombreuses années, ce qui permet une belle évolution à la fois dans les personnages et dans le contexte.

Kelewan, un Japon fantasmé cruel et sournois

L’autre aspect intéressant de cette trilogie est qu’elle se déroule dans un univers médiéval japonisant extrêmement bien décrit, avec une société très hiérarchisée, sexiste et violente. Y sont valorisées les coutumes guerrières et les manoeuvres politiques, baptisées le Jeu du Conseil. Les questions d’honneur y tiennent une place importante et les stratégies de Mara pour rendre à son clan son lustre d’antan, inédites parmi ses pairs, sont trop innovantes pour être vues d’un bon oeil. Non seulement elle est jeune et ne tient pas compte des traditions qui gênent son ascension, mais en plus c’est une femme, ce qui bien sûr accroît encore la détestation que lui vouent ses innombrables ennemis: ils croyaient avoir affaire à une gamine faible et stupide et s’approprier ses biens sans difficultés, constater qu’elle allait leur donner du fil à retordre, voire les battre à leur propre jeu, a été une surprise désagréable.

La description des lieux, de la nourriture, des vêtements et de l’environnement contribue à plonger les lecteur-ice-s dans ce contexte japonisant très détaillé. L’autrice y ajoute une magie et des créatures, différentes de ce à quoi la fantasy occidentale nous a habitué-e-s, qui apportent une touche d’originalité bienvenue après le côté classique de la première tétralogie.

Une conclusion maîtrisée, mais un peu datée

Maîtresse de l’Empire conclut la série de façon plus que satisfaisante. Des réponses sont apportées à toutes les questions qu’on se posait et même à d’autres qu’on n’avait pas imaginé poser à la la lecture des tomes précédents, c’est dire à quel point Janny Wurts a fouillé son intrigue. Il y a beaucoup de magouilles politiques et de stratégie, mais également beaucoup d’action. Les personnages sont attachants, en particulier certains personnages secondaires, et on se retrouve à verser quelques larmes pour ceux qui ne survivent pas jusqu’au bout. Le gros point fort de ce tome est qu’on apprend énormément de choses sur Kelewan et son Histoire, mais qu’on découvre aussi un peu le reste de la planète, ou du moins les contrées voisines.

Malgré tout, le roman souffre des quelques défauts liés à son volume et à son époque d’écriture (1992). D’une part, on n’échappe pas à quelques longueurs, certains passages manquant un peu d’action et étant un peu trop contemplatifs pour mon goût. D’autre part, l’autrice ne peut s’empêcher d’ajouter des pans d’intrigues amoureuses là où elles n’étaient pas nécessaires. Le fait qu’elle répète régulièrement à quel point tel personnage masculin a permis à l’héroïne de « découvrir sa féminité » était particulièrement exaspérant.

Pour finir, l’épilogue tient du pur fan service et n’apporte, selon moi, rien d’intéressant à une intrigue qui avait déjà trouvé une conclusion complètement satisfaisante avec le dernier chapitre.

Une très bonne trilogie, qui fait la part belle à un personnage féminin vraiment, intéressant qui brille par son intelligence sans être parfaite, ce qui reste assez rare en fantasy, même encore aujourd’hui.

J’ai dans ma PAL deux autres titres de cette grande saga, qui sont deux tomes 1 de séries différentes (hasard des trouvailles en librairie), j’ai hâte de voir ce qu’ils ont à offrir 🙂 Si vous voulez en savoir plus à leur sujet, clic clic sur les couvertures 😉

Si vous avez lu ou comptez lire cette série, votre avis m’intéresse, vous savez quoi faire dans les commentaires 😉 Et si vous avez d’autres séries de fantasy asiatisante à me recommander, n’hésitez pas!

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16 commentaires pour La Trilogie de l’Empire: une fantasy japonisante immersive et palpitante

  1. Steven dit :

    Je me suis arrêté à la série suivant celle-ci et je t’avoue que tu me donnes envie de tout reprendre depuis le zéro afin de continuer mon exploration de ce merveilleux et vaste univers !

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  2. Quel courage ! Je ne sais pas si je me lacerais dans une série aussi longue ! Bon en même temps tu as l’air d’avoir apprécié ! C’est le principal 🙂

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  3. C’est super tentant même si je note bien que passer d’abord par La Guerre de la Faille est préférable, ce qui, je l’avoue, repousse nettement le projet de me lancer. Dans tous les cas, ça ne semble ressembler à rien de ce que j’ai pu lire étant plus coutumière des univers médiévaux européens.

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    • ducotedechezcyan dit :

      Je comprends que la perspective de 7 tomes puisse rebuter ^^
      Ceci dit, ça ne me semble pas insurmontable si tu es tentée, même si on n’est pas une grande lectrice, ça se lit facilement 😉

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  4. Allys dit :

    Je ne l’ai pas lue, mais cette saga me tente depuis un moment. Je finirai certainement par m’y plonger un jour 🙂

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  5. Ping : Journal de lecture #18: du 1er au 7 mai | Du côté de chez Cyan

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